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Journal de bord

Le Soudan (première partie)


Lundi 29/09/03 - "S'il est trop, lourd il va couler !"

Nous avons passé l'après-midi au port.
Départ annoncé du bateau 16h. Nous arrivons devant la douane à 13h00 "en retard" selon le garde. En une heure nous sommes prêts, tamponnés, validés, officiellement sortis d'Egypte.
Dans le port c'est le cahot. Depuis 8h00 du matin une noria de camions chargés à bloc se déverse dans le bateau. Toutes ces montagnes à quatre roues menacent de créer une avalanche au moindre soubresaut. Et ce qui devait arriver arriva. Dans un tournant, une montagne se réveille et vomit une avalanche de chaises, de plateaux et de caisses en tout genre.
Le bateau est un ferry auquel est adjoint une barge. L'un est clairement fait pour transporter uniquement des passagers, l'autre pour transporter uniquement des voitures. L'un comme l'autre vont se transformer en cargo.
Une à une les caisses y sont chargées à dos d'hommes.
Hommes ou fourmis d'ailleurs ? Je ne sais pas ! Il faut parfois cinq personnes pour soulever un sac en toile et le mettre sur le dos d'un seul homme.
Vers 21h00, la barge est pleine, on nous désigne des places entre des montagnes de caisses et de sacs empilées. Une pour Adrienne, et trois pour des Land-Rover.
Il fait nuit, le quai est en pente (c'est en fait une rampe de mise à l'eau) et ils veulent que nous montions sur la barge sans rampe !
Commence alors tout un manège pour rapprocher la barge du bord et pour diminuer la marche entre le ponton et le sol. Nous réalisons que si cela ne pose aucun problème pour les Land-Rover, cela va en poser pour l'Acadyane.
Le premier Land monte à bord à l'aise. Faute de place, ils sont obligés de faire un demi-tour avec la barge pour positionner le 2ème emplacement au même niveau que le quai. Pendant la manœuvre, un petit choc provoque une autre avalanche de caisses atterrissant directement à l'eau. Ils s'aperçoivent trop tard qu'il vaut mieux fixer le chargement avant de faire d'autres manœuvres. Profitant de ce répit, quelques malheureux plongent à l'eau pour essayer de récupérer leurs caisses qui coulent. Afin de les aider nous les éclairons avec les phares d'Adrienne.
2ème et 3ème Land à bord sans aucuns problèmes. Quand Arrive le tour d'Adrienne, la barge est trop haute, ils décident de faire un nouveau demi-tour. Mais cela n'arrange rien. Commence alors une intense réflexion. On essaye avec des sacs d'engrais en guise de pont, mais les sacs se déchirent sous nos pneus.
Sans doute pour nous rassurer, celui qui fait mine d'être responsable nous sort très sérieusement : "ne vous inquiétez pas, je connais mon métier, cela fait 20 ans que je le fais".
"Hum, hum, mon bon monsieur après toutes ces catastrophes je me ferais tout petit".
Soudain un gars plus futé se souvient qu'à quelques mètres de nous, dans l'eau, se trouve une rampe en acier prévue à cet effet. C'était sa botte magique.
"T'aurais pas pu le dire plutôt, cela aurait éviter les 2 demi-tours et une avalanche ? Il est où le gars qui connaît son métier ?? Deux baffes oui !!"

Ouf ! A 22h00 on est à bord. Le chargement du navire se termine lui aussi, il y en a partout.
Qui dirige les manœuvres ? Qui est payé pour faire quoi ? A qui appartiennent ces caisses et ces sacs contenant des fruits, des jus, des objets d'ameublement et de décoration, des tapis, des tissus enfin de tout ? Et Qui sait à qui appartient quoi ?
On ne saura jamais ! Je crois que mon pote Fabrice spécialiste en logistique aurait beaucoup de choses à apprendre ici.

Départ.
Tout va bien, il est 23h, nous n'avons que 7h de retard…
Le bateau est un vrai capharnaüm, il tangue à tribord, mais flotte. Pourvu que ça dure !
A l'intérieur comme à l'extérieur, tout déplacement est un parcours du combattant, entre les caisses, les fruits, les valises, les gens allongés par terre et celles qui préparent le repas de leur famille. Tiens un frigo ! Oh mais il baigne dans l'eau ! Pas de panique ce n'est pas un trou dans la coque, c'est juste une fuite qui inonde toute la coursive.
Après un dîner assez moyen, nous cherchons une place pour dormir, notre billet de seconde nous donne accès à une vaste salle ressemblant à l'intérieur d'un bus avec des bancs en bois. Mais il n'y a plus de place, il y a des affaires partout et des gens allongés sur tous les bancs. Au pont supérieur, nous traversons la cabine de pilotage pour nous rendre à l'extérieur. Parmi toutes les caisses et les boites de conserves, dont certaines percées dégagent déjà une odeur nauséabonde, nous ménageons une petite place pour nos lits de camp.

Mardi 30/09/03 - De l'eau, toujours de l'eau.
Aujourd'hui nous continuons les présentations avec les anglo-saxons propriétaires des Land-Rover. Après 300 Km en eau douce, nous arrivons vers 18h à Wadi Halfa et nous restons bloqués 1h dans le bateau pour le passeport.
Ici ils semblent plus expérimentés que les égyptiens et ils vont tout de suite chercher des rampes de débarquement.
Comme par hasard, sur le quai juste devant Adrienne, il y a une rambarde de sécurité. "No problem", à quatre, ils la tordent et la plaquent contre le sol, comme ça elle ne gênera plus…

Après un dîner dans la douane avec les anglais, nous dormons sur place.

Mercredi 01/10/03 - Le noir est une couleur et c'est celle de la noblesse.

Les anglo-saxons sont charmants et nous invitent à faire route avec eux.
Ils sont en Land Rover 109 et 110 Discovery. Ils ont la tente sur le toit, la douche, le compresseur, le filtre à eau, une tonne d'outils et de pièces de rechange (l'air de rien ça casse tout le temps ces monstres), bref la totale.
Il y a Emma et Jasper, couple anglais du Kent de 29 et 32 ans.
Sarah et Peter, anglais sud-africains vivant à Londres de 32 et 35 ans.
Et enfin Padraig (prononcer porik), l'irlandais de 32 ans.
Ils descendent tous vers l'Afrique du Sud en plusieurs mois.
Pour nous alléger Peter et Sarah proposent de prendre nos sacs à dos (2x20kg).

Pas de route, juste une piste. Surprise totale nous découvrons sable, cailloux, trous…. Tout ce que nous voulions avoir, un peu pour dire qu'on est des z'héros, nous aussi. Sauf qu'en plus il y a de la tôle ondulée, et ça, c'est l'horreur.
La tôle ondulée c'est tous les 40 cm, un dos d'âne de 20 cm de haut.
Heureusement le paysage est grandiose. Tout ce qu'il y a de plus simple. Et pourtant, sur le sol, une fine couche de gravillons noirs donne à ce désert une allure majestueuse. Pour les portugais le noir est une couleur, celle de la noblesse. Ici nous pouvons voir à quel point ils ont raison.
La Land-Rover que nous suivons soulève un nuage de poussières qui se transforme en un voile d'or illuminé par le crépuscule.

Jeudi 02/10/03 - Du sable, des montagnes et toujours pas le Nil.
Le lendemain, nous attaquons le rehaussement de la voiture. C'est facile, il suffit de visser un axe. Par contre sans les conseils de mes deux ingénieurs attitrés (Padraig et Jasper), je l'aurais fait à l'envers. Nous y passons quand même trois heures à cause de la rouille, de l'accès difficile et surtout du vent qui nous projette du sable dans la figure. Geoffroy pendant ce temps répare un pneu avec Padraig.
Nous repartons vers 14h pour 75km. Quel bonheur, nous n'accrochons plus.
A chaque étape, nous rattrapons les allemands à bicyclette et nous campons avec eux. Eux aussi ont mis leurs sacs dans un Land car la progression à vélo sur le sable mou et la tôle ondulée est très difficile.
Ce soir nous campons au milieu d'une plaine entourée de montagnes ressemblant à des dames en noir. Plein de courage nous attaquons l'une d'elles afin d'admirer le coucher du soleil à 300m d'altitude. Enièmes couchés de soleil, énièmes émerveillements, tout le désert s'embrase. Hélas, nous ne voyons pas encore le Nil que nous avons quitté à Wadi. Il commence à nous manquer le coquin.

Vendredi 03/10/03 - Rencontre des hommes et des femmes soudanaises.
Encore 75km. Ce jour là, nous rejoignons le Nil et nous y prenons notre 1er bain. Nous en rêvions en Egypte mais sans l'oser. Et nous avons été bien inspiré, car en Egypte il est infesté par la bilharziose. Ici, il n'y a que des crocodiles.
Comme nous sommes sortis du désert, c'est aussi nos premiers échanges avec les soudanais. Et ils sont charmants. Attirés par nos voitures, ils veulent absolument assister au déballage quotidien de tout le matériel (ordinateur, appareil de photo, cantine, réchaud, tables, chaises, tentes et j'en passe…).
Mais lorsqu'ils voient que nous allons préparer notre dîner, le plus vieux ordonne à tout le monde de se retirer. Ce qu'ils font immédiatement. Quelle discrétion !
Nous voyons aussi les premières soudanaises de près. Elles sont superbes, fines, les dents blanches et le sourire éclatant. Elles portent des robes fleuries aux couleurs éclatantes et des voiles transparents colorés
Mais elles portent aussi leur croix.
98% des musulmanes du Soudan (principalement dans la moitié nord où nous sommes) subissent l'excision pharaonique (appelée aussi la grande excision) puis l'infibulation. En deux mots, on leur coupe tout, clitoris et lèvres, et on recoud pour laisser un petit orifice pour les besoins vitaux et la reproduction (je n'oserais parler de rapports sexuels !). Elles n'ont que 5 ans lorsque, dans des conditions d'hygiène déplorables, leur famille les transforme de femme en pondeuse. Négation totale de la féminité. C'est un rite tribal abject qui n'est pas relié à l'Islam. Je ne le comprends pas et je ressens beaucoup de compassion pour toutes ces femmes ainsi traitées, depuis que je sais, je les considère différemment.

Samedi 04/10/03 - Rencontre avec les Poussin marcheurs
Avant de partir, nous nous sommes acquittés de notre lessive. Géniale invention que ces barils de plastique sur le toit du Land qui remuent le linge au rythme de la route, après il n'y a plus qu'à rincer.
Ça y est ! Nous remontons le Nil, sa couleur a changé, il n'est plus translucide comme à Assouan, il est marron, presque rouge.
Miracle du Nil source de vie, la piste change. Elle ressuscite et est dès lors jalonnée de maisons colorées. Elles sont de couleurs vives, rouges briques, bleues, parfois grises et souvent encadrées par un liseré blanc.
Elles sont toutes d'une propreté impeccable, comme neuves. De plein pied, elles sont construites en torchis et entourées de mur et elles s'organisent autour d'une petite cour où se déroule toute la vie de la famille.
Vers quatorze heures, nous arrivons dans le village d'Abri, après quelques courses, nous sommes dirigés vers le commissariat de police qui doit nous enregistrer.
Là, une blonde aux grandes tresses nous assaille : "tiens voila des français". Sur ce Geoffroy répond : "tiens voila les Poussin". Pure coïncidence, en plein milieu du Soudan, dans le poste de police d'un petit village, nous nous retrouvons nez à nez avec Alexandre et Sonia Poussin.
Nous les connaissons de renommée depuis longtemps, car Alexandre et son ami Sylvain Tesson ont déjà fait un tour du monde en vélo. En plus nous avons une amie en commun et j'étais moi-même en 6ème avec Stanislas, le petit frère d'Alexandre.
Depuis trois ans, ils remontent le rift africain à pied. Depuis le Cap de Bonne Espérance jusqu'au lac de Tibériade. Trois ans de marche, de rencontres, de photos, d'articles et deux livres. Quel courage et quelle gentillesse ! Ils ne sont que sourires. Ce sont des aventuriers, des vrais, nous rêvions de les rencontrer au hasard d'une route.

Pour fêter ça ils décident de passer la soirée avec nous. Et comme Sonia vient d'avoir 32 ans, nous improvisons une fête. Padraig nous a préparé un festin accommodé d'une sauce exquise à base de feta, de roquette, de curry et d'un peu de sucre.
L'imprimante couleur miniature du cuisinier du jour (quand je vous dis qu'ils ont tout !!) nous permet d'éditer une carte de vœux. Jasper et Emma, eux ont préparé un pudding. Nous avions les bougies. Tout était parfait au beau milieu de nulle part.
Comme dit mon ami Ivy "il ne faut jamais se laisser emmerder par le terrain" et nos amis anglo-saxons l'ont bien compris.

Dimanche 05/10/03 - Au Soudan rien de nouveau.
Ce matin, les allemands partent plus tard, ils profitent des tuyaux que peuvent leur donner Alex et Sonia puisqu'ils font le même trajet mais dans l'autre sens.
Ce jour là, nous ne ferons qu'une quarantaine de Km. Nous pestons un peu de nous traîner à leur vitesse mais si les Land-Rover sont une sécurité pour eux, ils le sont aussi pour nous.

Lundi 06/10/03 - Ouvrir une boîte de vitesse au bord d'une piste.
Ce matin, plus moyen de changer de vitesse, nous sommes bloqués en 1ère ou marche arrière.
Après 5 Km en première à 10km/h maximum nous sommes lassés d'entendre le moteur qui gueule et de voir les Lands se traîner à cause de nous. Nous essayons de passer la 2nd et cela fonctionne. A moitié soulagé, nous roulons toute la journée en 2nd avec quelques épisodes marrants où Geoffroy est obligé de sauter hors de la voiture pour que nous ne restions pas collés dans le sable. Lors d'un arrêt, nous sommes invités chez un villageois. Il nous offre de l'eau, le thé et nous raconte sa vie. Il a travaillé 25 ans à Dubaï comme comptable et il "compte bien" y retourner après avoir trouvé une femme belle et intelligente (il peut toujours courir la seule qui existe est au Vietnam…).
Il nous explique aussi que l'eau que nous voyons tout le long de la route dans des jarres en terre est traitée avec une cuillère de chaux extraites non loin d'ici. Après une douche, nous nous régalons avec un repas fait de crêpes au maïs, de fayots et de viandes.

Le long du Nil, les habitants ont quasiment tous l'eau courante grâce à des châteaux d'eau directement alimentés par le Nil. Ces Nubiens sont très propres, dans chaque maison, il y a une douche et ils partagent les toilettes entre plusieurs maisons. Les hommes sont souvent vêtus de blanc immaculé, ce qui n'est vraiment pas évident avec l'omniprésence du sable et de la poussière. Certains s'enveloppent la tête d'un turban blanc long de 4 m, assez fins et plus ou moins brodés selon le rang social.
Afin de jeter un coup d'œil dans la boîte de vitesse nous nous arrêtons plus tôt ce soir. Puisque nous sommes assistés par Jasper, nous pouvons donc sortir les outils et ouvrir le capot. Pour une fois nous faisons autre chose que regarder le moteur…
Avant même d'ouvrir nous remarquons que la boîte de vitesse fonctionne de nouveau sans problèmes, mais malgré tout, nous voulons comprendre. A deux mètre de nous une dizaine de jeunes se sont regroupés, accroupis en arc de cercle. Silencieusement, concentrés, ils nous regardent. Comme si quelque chose de fantastique allait sortir du moteur. Pour ne pas les décevoir je prend un air de professionnel très étudier. Les pauvres, s'ils savaient comme leur professeur est neu neu…
A la tombée du jour, la boîte est ouverte, mais impossible de voir ce qui ne va pas.

Mardi 07/10/03 - Jouer les archéologues.
Dans la boîte de vitesse, nous remarquons que tout est parfait. En fait nous n'avons pas de problèmes de boîte, juste un petit problème de châssis qui s'aggrave.
Il est tout bonnement en train de se plier au niveau de l'essieu avant, ce qui fait que l'avant de la voiture monte avec le moteur (et la boîte) par rapport au corps de la voiture sur lequel est fixé le sélecteur des vitesses ce qui bloque notre sélecteur.
Le problème est confirmé dans la journée car notre essieu touche la carrosserie et notre aile avant gauche se plie de plus en plus.
C'est la panique. Quand est-ce que tout ça va lâcher ?
Cette après-midi, nous arrivons dans un village où nous trouvons une grande statue égyptienne renversée sur le sol ainsi que des gravures rupestres représentant des hiéroglyphes. Ces trésors d'archéologie nous intriguent beaucoup car nous avons l'impression d'être les premiers blancs à les voir.
Nous arrivons tard ce soir à Karma. La ville est étendue sur presque 10 Km et nous avons beaucoup de mal à trouver un lieu de camping. Au bout du village nous tombons sur une route où il y a une couche de poussière de 40cm. C'est incroyable ! Une fois de plus, Geoffroy doit sauter de la voiture pour me permettre d'avancer. Il disparaît alors dans la tornade de poussière que je viens de créer. Je ne vois plus rien, j'avance à l'aveuglette dans cette farine, soudain une éclaircie me permet de m'arrêter. Comme il fait nuit, nous décidons de camper là, à 15 ou 20m de cette réserve de poussière.
Ce soir, nous faisons la tambouille. Au menu, patates, pâtes (il ne reste que ça). Grands cuisiniers, nous créons une première sauce avec de la tomate et des oignons que nous relevons de dattes, et une deuxième avec des oignons, du curry et de la feta.
Depuis quelques jours nous utilisons nos moustiquaires, ce soir elle servent de cache poussières … enfin on espère.


Mercredi 08/10/03 - Le châssis se plie de plus en plus.
Ce matin nous nous rendons compte de l'amplitude des dégâts sur la voiture lorsque Geoffroy décide de la soulever avec deux crics. Comme une feuille, elle se déplie et retrouve sa courbure originale, les ailes droites, le volant bas (parce que le volant monte dans l'habitacle), la boîte de vitesse à la bonne hauteur, etc…
Que va-t-il se passer lorsque cela va se rompre ?
C'est un peu le stress, mais nous sommes à peine à 20km de Dongola, cité plus que millénaire et première grosse agglomération de notre parcours.
Après ces quelques petites vérifications techniques (de quoi te saper le moral en moins de deux), nous nous dirigeons vers le ferry… enfin l'embarcation qui doit nous permettre de nous rendre sur la rive gauche.
En fait de ferry il s'agit d'une simple barge ne pouvant contenir que 4 voitures. Or un gugusse nous a déjà précédé. Seules deux Lands et Adrienne peuvent monter à bord avec une quinzaine de personnes et deux lits (oui vous avez bien lu, deux lits comme ça…)
La barge est là, accrochée par un simple câble à la berge. La rampe d'accès est un chemin creusé dans la terre. Coût du passage 1000 dinars (4$), mais pour l'instant il y a un problème mécanique. Le chauffeur est donc en train de prendre un thé. Il est à peine plus jeune que moi. Il a plus l'air d'un gamin en baskets que d'un acrobate emmenant sa planche en fer équipée d'un moteur de l'autre côté d'un fleuve au cours rendu sombre et furieux par la saison des pluies. Deux Lands Rover de 3,5T d'un côté, une petite Mitsubishi de 1,5T de l'autre et l'Acadyane devant. Ca c'est de l'équilibrage ! Bien que nous soyons coutumier de la pratique, ça nous panique toujours autant.
Une fois à l'eau, mon jeune en baskets se révèle être un virtuose de la barre. En 15 minutes, il nous projette dans un bras du fleuve, longe de très près une île et se jette dans le débit géant du Nil. Ouf ! Ce n'était pas le Styx, nous sommes de l'autre côté sains et saufs.
A Dongola nous changeons quelques dollars au noir pour acheter de l'essence et nous prenons un dîner composé de fayots. Puis nous repartons pour 10 Km sur une route en tarmac vers Khartoum. C'est la fin des angoisses la route est belle.

Jeudi 09/10/03 - La fin des angoisses ?
C'est le jour des adieux avec les allemands qui n'ont plus besoin d'assistance. Il est 10h, nous espérons arriver à Khartoum ce soir sur cette bonne route en goudron.
Rêve ma poule ! 500m plus loin c'est de nouveau de la piste, et une des pires.
Une piste sournoise qui me rappelle avec horreur mes débuts en ski de fond. Vous savez ces deux rainures profondes dans le sol. Pas de problème à priori, vous êtes guidés par le terrain. Sauf lorsque le bonhomme précédent a décidé de tomber dans la neige en laissant un gros trou ou lorsqu'un obstacle : pierre, flaque,… gêne votre progression. En plus, pour Adrienne qui est courte sur patte (car tordue en deux), c'est comme si elle avait l'entrejambe qui frottait la piste.
Afin d'éviter que notre chouchoute se transforme en moissonneuse de pierre et de sable, nous devons nous mettre à cheval sur l'une des rainures, à droite ou à gauche selon les affinités.
Parfois il n'y a que des traces. Les traces, c'est cool, c'est plat, on a donc le choix d'aller où on veut et d'éviter les pierres bien visibles, même si c'est du sable mou, Adrienne s'en sort très bien.

Pire que le sable, la poussière ! Comme si par mégarde le dernier camion de farine ou de ciment passé par là avait perdu son chargement dans un trou.
Sur cette surface, Adrienne est une championne, elle glisse et disparaît dans un majestueux nuage qu'elle avale aussi sec au grand plaisir de ses occupants.
C'est donc à petite allure que nous avançons vers Abu Dom (où commence la vraie route de macadam, nous en sommes sûr… enfin…presque).
Nous croisons une méharée de dromadaires se rendant en Egypte par la rive gauche du Nil. Friand de viande de dromadaires les Egyptiens les importent massivement du Soudan. C'est cette méharée ou la précédente que Sonia et Alexandre ont du prendre pour passer la frontière.
A 40 bornes d'Abu Dom, nous nous arrêtons pour camper, après un dîner tranquille, nous décidons que nous partirons le lendemain à 7h00.
Dix minutes avant de se coucher une tempête de sable aussi soudaine que violente nous laisse augurer une longue nuit à la belle étoile.

Vendredi 10/10/03 - Et si elle n'arrivait pas ?
Départ 7h00. Tout les matins c'est la même chose la voiture nous parait plus basse. Après 2 heures de route, les roues frottent tellement la carrosserie que nous décidons d'abandonner 20kg de planches en bois qui nous servaient de sommier lorsque nous dormions dans la voiture. Pour gagner encore plus de poids, nous nous séparons et Geoffroy monte dans le Land de Padraig.
Nous avons vraiment peur, la route est pleine de tôle ondulée, de trous et de cailloux.
Il faut qu'elle tienne…Il faut qu'elle tienne !
Les anglo-saxons se montrent très patients et ils nous promettent de nous amener à Khartoum quitte à couper la voiture en deux et à la charger sur leurs Lands.
Mais une étrange impression nous tenaille le ventre, une angoisse, l'angoisse de ne pas arriver au Gabon et que tout se complique.
Aller on fonce !
Vers 13h nous arrivons à Abu Dom. Du goudron, une route, nous n'y croyions plus. Sur combien de Km ?
360 !!
Vraiment ?
Oui !
Ouf, elle tiendra, j'en suis sûr ! Elle doit tenir !
Plein de courage Geoffroy, qui m'avait déjà remplacé, décide de tout faire seul sans s'arrêter.
Arrivés à Khartoum, la première et la marche arrière ne fonctionnent plus, le rayon de braquage est de 20 m. Tout baigne !
Cette journée sera quand même fantastique car nous sommes arrivés à Khartoum, car nous avons pu boire notre premier soda frais depuis longtemps et que nous avons rencontré d'autres anges gardiens.
L'un d'eux a été harcelé par Geoffroy à la vue de sa plaque CD. Il se trouve que c'est le Vice-Consul de France. Il va d'abord nous expliquer comment recevoir de l'argent de France (il n'y a aucun distributeur ici) et ensuite nous prêter 200$ de sa poche en attendant le virement de Paris.
L'autre bonne nouvelle c'est notre visite chez le Père Blanc Etienne Renaud, directeur de l'institut catholique de langue de Khartoum et l'accueil chaleureux que Gabriel nous réserve en son absence.



Journal du 29 septembre au 10 octobre 2003 par Loïc

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La goutte d'or de la quinzaine

Nous l'attribuons à Padraig (prononcer Porick) qui nous déballe en plein milieu du désert une imprimante miniature couleur, transformable en scanner. Ils sont fous ces Irlandais !

 

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