accueil
cliquez pour lire la Newsletter



Nous aider

Journal de bord

Le Soudan (Troisième partie)

Départ de Khartoum et retour à Khartoum. L'accident avec Adrienne et ce qui en a découlé.

Nième départ sur une route en gruyère :
Ca y est nous sommes partis. Il est 15h00, nous comptons arriver à Kosti dans la soirée pour y passer la nuit. Devant nous de l'asphalte, la route est bonne pas de problèmes en vue, nous allons bouffer du Km. Autour de nous les maisons se font de plus en plus rares et commencent à faire place aux terres irriguées transformant ce désert en oasis. Mais, déjà la verdure nous quitte et nous entrons dans la monotonie de la plaine. Loin, à notre droite, une légère diffraction de la lumière nous laisse deviner le Nil. Il fait chaud, mais la climatisation (fenêtres ouvertes) tellement réputée de l'acadyane fait merveille. Nous avons mis nos boules Quies pour éviter de finir sourd, même avec 602cm3 on peut faire un sacré tintamarre. Soudain, quelques trous apparaissent sur la route, Geoffroy est aux commandes, il en évite un, puis deux, mais ne peut en éviter un troisième. La voiture réagit bien, malgré les 35 Litres d'essence et les 30 Litres d'eau que nous lui avons rajoutés. Il faut dire qu'à Khartoum nous avons fait du ménage, vendu ou donné quelques objets ou ustensiles inutiles. Lorsque c'est à mon tour de conduire, nous faisons le tour de la voiture pour vérifier les pneus par mesure de sécurité. Assez bizarrement, le pneu arrière droit est dégonflé et vu son usure cela fait quelques Km que nous roulons comme cela. Pourtant, nous n'avons pas crevé, car il reste 0,8Kg d'air dans le pneu. Vu de près l'explication est simple, la jante s'est déformée comme du beurre sur le fameux trou que nous avions visité.
A l'aide d'un marteau, heureusement emporté pour cela, nous redressons le bazar tant bien que mal. Le pneu regonflé, la jante ne fuit presque plus, nous pouvons repartir.
Quelques Km et beaucoup de trous plus loin, nous voilà de nouveau en train de redresser l'une puis l'autre roue. Bref, sur les 80Km/h que nous comptions faire en moyenne, nous sommes réduits à rouler lentement et à ajouter tous ces arrêts à notre moyenne.

Première nuit quatre étoiles :
Comme à notre (mauvaise) habitude nous roulons de nuit et nous arrivons sur les coups de 10h00 à Kosti. Perdus dans la ville, nous ne trouvons évidemment pas la paroisse dans laquelle nous comptions passer la nuit. Par contre, pour demander notre chemin nous interpellons des gardes en faction devant les bâtiments d'une ONG : l'ADRA. Après quelques minutes de palabres, ils nous proposent spontanément de nous héberger et appellent le directeur, qui ne répond pas, puis le directeur-adjoint qui ne répond pas plus. Enfin, ils appellent le directeur financier qui arrive 20 minutes plus tard et nous offre le gîte dans une guest-house composée d'une grande chambre climatisée avec douche et moustiquaires. Intéressé par notre voyage, il nous propose même pour le lendemain une visite de leur projet d'adduction d'eau. Bref, le grand luxe.
Mort de faim, nous préparons vite fait une plâtrée de spaghettis, que nous dévorons en prenant bien soin de ne pas nous faire devancer dans cette tâche par une invasion de criquets. On se croirait à la chute des feuilles en automne, sous un arbre perdant sa parure composée de milliers de ces bestioles ailées tombant de Dieu sait-où dans notre assiette.

La courtoisie envers les policiers :
Grands saluts de la main, grands sourires, ralentir et rouler à 20 Km/h puis accélérer doucement en regardant devant soi. Voici la super méthode que nous avons adoptée pendant tout le trajet pour éviter de nous arrêter aux postes de police. Il faut dire que nous sommes cruels, voyager en plein ramadan est peut être facile pour nous, mais pour ces pauvres policiers chargés de ces postes de contrôle, il est très fatigant de quitter son fauteuil le ventre vide. Alors, ils s'agitent et font des signes en remuant la main de haut en bas pour nous dire d'arrêter. Nous y répondons toujours courtoisement par un grand sourire et des saluts amicaux. Nous ne prenons guère de risque car la vieille mobylette ou l'âne qui leur sert de véhicule ne fait pas le poids face à notre bolide. Une fois, l'agent est sur la route, il nous est donc difficile de l'éviter. Heureusement, ce n'est pas grave car il est charmant (comme tous les agents soudanais d'ailleurs), nous lui présentons nos papiers qu'il regarde dans tous les sens, plus par curiosité devant un passeport français que par suspicion. Le-dit passeport passe ensuite dans les mains de tous ses collègues tous aussi curieux. Ils veulent tous nous serrer la pince, savoir ce que fait cette étrange voiture dans leur pays, rigoler, la secouer et nous souhaiter la bienvenue au Soudan. Sur ce, ils nous invitent à rester avec eux, mais il n'est que 17h00 et nous voulons encore rouler un peu avant de nous installer pour dormir. Arrivé à la fin de la route en goudron (toutes les bonnes choses ont une fin), nous demandons l'hospitalité au poste de police qui se trouve là. Dans l'attente de la rupture du jeûne, l'accueil est moins chaleureux qu'au poste précédent, mais nous sommes en sécurité pour la nuit.

Du sable et des recommandations :
L'interruption de l'asphalte est brutale, devant nous s'étend une immense piste creusée d'ornière à la mesure des gros camions 38 Tonnes, 8 roues motrices, qui la parcourent sans arrêts.
"Avec une voiture comme celle-là, vous ne passerez jamais, elle est trop basse, pas assez puissante, il faut une 4 roues motrices, minimum". Toutes ces réflexions, et la vision cauchemardesque de cette piste de sable mou, me casse un peu le moral. Mais Geoffroy est confiant, Adrienne est une super caisse, on va passer c'est sûr!
Dès la première heure de route, nous nous ensablons souvent, de plus, mal aiguillé par un bonhomme, nous nous retrouvons sur une piste réservée pour les camions avec de terribles ornières sur lesquelles nous avons l'air d'une puce. Pourtant, les deux roues de droite sur le talus central et celles de gauche dans l'ornière, nous allons à un train d'enfer (25km/h). Si nous ralentissons c'est l'ensablement immédiat. Soudain, la piste se rétrécit, le sol devient dur comme de la brique et le talus s'accentue, la voiture pourrait se retourner à tout instant. Sur la gauche, elle frôle puis touche le bord de l'ornière et les racines des arbres mises à nu par les camions. L'aile avant qui était intacte est quasiment arrachée et nous manquons de perdre notre phare. Mais nous avançons, c'est notre seul Salut.

Nous sommes ensablés depuis 5 minutes et le moteur qui surchauffe et bouffe de la poussière ne démarre plus. Comble de mal chance, arrive en face de nous, un monstre jaune chargé à bloc. Juchées sur leurs marchandises, une quinzaine de personnes nous regardent incrédules. Le 38 Tonnes à l'arrêt, ils descendent tous pour nous sortir de la piste en deux temps trois mouvements. Par des signes, ils nous expliquent que nous ne sommes pas sur la bonne piste, car celle-ci est celle des camions, celle des voitures se trouve plus loin.

Leader du rallye Khartoum-Tchad :
Bonne moyenne : 25 Km en 4 heures, seul réconfort, le paysage, nous entrons dans la savane arborée, parsemée ça et là par quelques baobabs.

La ville de En Nahoud se trouve quelque part par-là à quelque Km à peine. Mais nous sommes une fois de plus ensablé et la nuit commence à tomber. Le temps de vider la voiture, d'enlever le sable avec la pelle et avec les mains, de mettre les fameux tapis qui nous permettent de faire 2 voire 3 mètres, puis de recommencer jusqu'à arriver à grimper sur le talus herbeux et il fait nuit.
Pour avancer, nous avons du quitter la piste devenue impraticable. Du coup, nous naviguons sur le bord dans les hautes herbes. Il fait nuit, les phares, qui éclairent le ciel, tiennent tant bien que mal à avec des tendeurs, et après nous être éloignés de la piste pour contourné un champ, nous zigzaguons gaiement à travers les arbres, ne sachant trop quelle étoile suivre. Après une demi-heure, nous sommes définitivement perdus et nous décidons de camper là. En quelques minutes, nous préparons notre première nuit dans la brousse à la belle étoile. Nous ne savons pas ce qui nous attend, quels sont les animaux ni les gens que nous pourrions rencontrer. Seul, de loin en loin, un âne répondant à un chien nous réconforte en nous montrant qu'une forme de vie domestiquée est possible au milieu de ces herbes hautes et de ces buissons d'épineux. Afin de nous restaurer, nous déballons rapidement notre table, nos chaises, nos lits de camps et nous préparons notre repas. Illuminés par les bougies, en train de manger un met dont je tairai la recette, nous rejouons une scène d'Out Of Africa, mais sans l'argenteries ni les domestiques.

Le chemin des ânes :
Les premières heures de la journée du lendemain sont terribles, 15 km nous séparent d'En Nahoud. 15 Km de sable. Pas un moment de répit, s'ensabler, sortir, pelleter, pousser, sauter dans la voiture qui roule déjà et recommencer quelques mètres plus loin. Après En Nahoud la route est tout aussi désespérante. Mais nous avons trouvé le chemin des ânes. Constitué d'une ou de deux traces frayées au milieu des herbes hautes, ils présentent l'indéniable avantage de ne pas être labourés par de puissants 4x4. Nous avançons donc beaucoup plus vite. Mais parfois, un champ, dont la clôture est constituée de branches d'épineux (on dirait plutôt des herses tellement les épines sont grandes), nous barre la route. Il nous faut alors enlever cette clôture balayer le sol avec le pied et pénétrer au beau milieu d'un champ de millet (grand comme du maïs) ou d'hibiscus (petites plantes à fleur rouge qui sert à faire du thé chaud ou froid et tout à fait délicieux).
A la sortie d'un village nous n'en pouvons plus, devant une mer de sable qui nous a littéralement avalés, nous décidons de laisser au bord du chemin tout ce qui nous surcharge. Tee-shirts, bics, pantalons, chaussures, table et autres artifices qui ne servent que dans Out Of Africa, mais pas dans la brousse avec une acadyane. Le résultat est immédiat, nous avançons mieux. La route elle aussi devient meilleure. Je commence un peu à reprendre confiance et à ne plus fonctionner comme un automate qui pousse ou déblaye du sable. Je suis content que Geoffroy m'ait porté pendant tout ce temps. La seule perspective de me retrouver bloqué, sans rien pour réparer mon pneu crevé ou un problème mécanique, me sapait le moral. Nous devons être pour la fin du mois au Cameroun et nous avons encore 3000 Km de piste avant d'y être, il faut méchamment y croire et jusqu'à aujourd'hui je laissais mon cerveau en veille pour y croire.

Quelques pépins agrémentent toujours une sortie dans la brousse ! :
Depuis quelques temps la voiture démarre avec difficulté, nous avons même du la pousser une fois pour la faire démarrer. Par chance, le sable n'était pas trop mou à cet endroit et elle a bien voulu repartir après quelques douloureux mètres.
Tout d'un coup, plus rien! Je tourne la clef mais rien ne se produit. Galère ! Et si nous essayions de nouveau la manivelle! La première fois que nous l'avions essayée, le pare-chocs, que nous avions mis à l'avant, nous empêchait de l'utiliser. Ce coup-ci, nous avons plus de chance. Comme par miracle elle rentre jusqu'au bout et après quelques tours, la voiture démarre. Sauvé, tant que nous aurons de la force dans les bras, la voiture pourra démarrer.

Un peu plus loin, nous sommes dans les herbes hautes, nous ne voyons rien mais nous avançons sur une surface plus ou moins ferme, ne nous plaignons pas. Toutes les graminées de la savane produisent en cette saison des milliers de semences plus ou moins grandes qui s'infiltrent partout dans le moteur. Le filtre à air en est plein et nous devons le vider régulièrement. Pire, de temps à autre, une petite odeur de brûlé nous rappelle gentiment que le démarreur n'est sûrement pas le dernier problème et qu'il faut faire attention à ces herbes qui étouffent le moteur qui, surchauffé, pourrait déclencher un feu de brousse. D'ailleurs, dans un champ de millet, une tige rebelle a fini par nous arracher notre filtre à essence. Nous le remarquerons un peu plus loin à cause d'une odeur d'essence plus forte que d'habitude. Heureusement à ce moment précis, il n'y avait pas de petite odeur d'herbe brûlée sinon cela eut été la catastrophe. Nous n'avons perdu que quelques litres d'essence, mais nous devons dorénavant faire attention à tout.

Un chaume peut en cacher un autre :
Il est 15h00, Geoffroy vient de me passer le volant. Après quelques minutes, nous roulons sur le bord de la piste et comme nous venons de remettre de l'essence dans le réservoir (Adrienne consomme presque 2 fois plus sur le sable mou), Geoffroy me dit "fais attention, je ne regarde plus la route, je relève les Km", nous roulons à 20-25 Km/h aucuns dangers en vue. Et pourtant, tout d'un coup, stoppé net dans ma course, je me retrouve le nez dans le pare-brise. Tout va très vite, en quelques fractions de secondes je me demande pourquoi Adrienne ne veut plus avancer et pourquoi moi qui n'aime pas forcément les pare-brise, je me retrouve à embrasser celui-là avec fougue.
"J'ai le cou pété!". Le cri de Geoffroy me ramène assez vite à la réalité. Lorsque je me tourne vers lui, je le vois se tenir le cou avec les deux mains et essayer de vouloir sortir de la voiture. Je me précipite alors de l'autre côté pour l'aider à sortir et l'allonger à quelques mètres de là, à l'ombre d'un arbre.
Autour de nous rien. Enfin rien. Il y a bien de l'herbe, quelques arbres et du sable. Mais pas de borne de secours, pas de Samu ou de flic. Pas de médecin, pas de téléphone. Ah si! Il y a moi. Les quelques notions qui me restent de mon AFPS (premier secours) me reviennent rapidement à l'esprit.
1. baliser le périmètre pour éviter tout autre accident avec d'autres véhicules fait (là j'ai été particulièrement rapide !)
2. Appeler les secours Euh…. je passe….question suivante
3. S'occuper des victimes et les réconforter Là non plus, pas de problème étant donné que moi je ne suis pas du tout paniqué…. enfin presque pas…

Je cours donc à la voiture pour sortir un lit de camp et y allonger Geoffroy. Sur ce lit d'hôpital improvisé, je commence une auscultation digne des plus grands professeurs parisiens. Geoffroy, m'entend, me voit et peut marcher. Allongé, il peut bouger tous ses membres, il n'a pas de saignements de nez, ni d'oreilles, il peut bouger très douloureusement le cou et à la palpation, ses cervicales ne paraissent pas en miettes. S'il a quelque chose, c'est donc peut être une vertèbre fêlée. Voilà je ne suis pas plus avancé que ça mais au moins je ne suis plus inquiet.

Après lui avoir donné de l'eau, une compresse pour lui rafraîchir le front et lui avoir lavé le visage avec des lingettes d'eau de Cologne (et oui on avait même ça), je pars en direction d'un toit de hutte que j'ai cru apercevoir un peu plus loin.
Après moult explications (pas évident d'expliquer ça en signe), les habitants du gourbi situé à 500m de l'accident, harnachent une carriole avec laquelle ils vont conduire Geoffroy chez le médecin le plus proche situé à 8Km derrière nous. Le trajet risque d'être très pénible pour Geoffroy, mais nous n'avons guère le choix.
Vers 21h00, deux hommes arrivent sur leurs ânes avec trois outils. Ils sont mécaniciens et veulent réparer la voiture. Je ne sais absolument pas d'où ils sortent, ni qui les a envoyé, mais ils sont là, et ils sont persuadés de pouvoir tout réparer.
La voiture est toujours sur le bord de la piste, la souche haute qu'elle embrasse m'explique l'accident. Occupé à vérifier si je pouvais récupérer la piste qui était à ma droite, je n'ai pas vu cette souche jouant à cache-cache avec les herbes de la savane.
Le pare-chocs a pris la forme de l'arbre, le ventilateur aussi et le châssis est tordu dans sa partie la plus avancée. Par chance (ou bonne organisation, qui sait!), nous avons un ventilateur de rechange. Pourquoi ne pas tenter le coup ? "Allez-y les gars, voici les pièces, voilà comment il faut démonter, voici des outils, bon courage".
Vers 22h00, Geoffroy revient du village, en fait de médecin, il a rencontré un assistant médecin et un policier. L'un lui a conseillé 7 jours de repos sans aucune auscultation (balaise le mec) l'autre a établi un constat de l'accident sans voir la voiture (idem). Le Soudanais qui l'a accompagné me propose gentiment de m'accompagner à la ville de Ghubeish tôt le lendemain.
Alors que Geoffroy reste allongé près de la voiture, mon guide et moi sommes pris en stop par des employés de la firme Sudatel (télécoms soudanaises). Coup de chance, ils parlent tous l'anglais. Ils sont en mission dans la région pour installer des paratonnerres espagnols via une compagnie indienne (on voit de tout au Soudan).
Après quelques explications, ils nous proposent de venir récupérer la voiture avec nous, de nous héberger (à la belle étoile, mais en sécurité derrière un mur) et de nous aider pour tout autre problème.

Huit jours de galère ou comment perdre du poids sans faire de sport :
Durant les premiers jours, Geoffroy essaye de récupérer de l'accident en restant allongé le plus possible. La voiture a été sommairement réparée (après remontage ils m'ont remis une poignée de vis et d'écrous qu'ils ne savaient plus où mettre) mais j'ai hélas découvert un petit trou dans la boîte de vitesse. Il faudrait donc démonter tout le moteur pour le réparer. Geoffroy à alors une lumineuse idée, échanger la voiture contre trois ânes et revenir à Khartoum à dos d'âne. Nous pourrions le faire en 15 jours et ce serait une bonne manière de ne pas rester sur un échec. Autre possibilité, réparer la voiture et la mettre sur un camion jusqu'à Nyala (300Km plus à l'Ouest et 300Km avant la frontière tchadienne), où la route devient meilleure et continuer vers le Tchad. Mais tous les locaux nous déconseillent cela, car, selon eux, la route est très dangereuse après Nyala.
Toutes ces solutions sont rapidement mises en veille lorsque quatre jours après notre arrivée à Ghubeish, Geoffroy qui commence une diarrhée, s'effondre en sortant des toilettes. Il faut dire qu'il est déshydraté par sa diarrhée et que plusieurs passage successif dans ces toilettes, sans aération et qui sont construites sur la fosse sceptique, ont tout pour venir à bout des plus durs. Il a de la fièvre et ne peut rien avaler, le lendemain soir devant la liste de maladies que les Soudanais ont diagnostiquées (dont la malaria "qui est mortelle dans la région lorsqu'elle commence par le ventre…") nous allons voir un médecin. Heureusement, il ne diagnostique qu'une bonne diarrhée et prescrit des médicament que Geoffroy ne peut toujours pas avaler (il vomit tout). En sortant de la dite consultation, je suis pris d'une fièvre et je commence à mon tour une diarrhée, mais moins sévère.
Ce n'est que le lendemain que Geoffroy pourra avaler sa première pilule et quelques biscuits.
Précisions que la ville de 30000 habitants ne nous offre pas beaucoup de choix alimentaires. On y trouve des boites de thon, du riz, des pâtes, du pain, de la confiture, quelques légumes de saison, du coca et du thé. Adieu les petites biscottes et la compote de pomme, l'eau en bouteille ou les tisanes. Vive le jeûne!
Après ces quelques jours toutes nos idées de retour ou de départ sont balayées, nous n'avons plus assez de temps pour rejoindre le Cameroun, il nous faut retourner à Khartoum et rapporter avec nous la voiture. Car si nous l'abandonnons ici, nous ne pourrons pas prouver à ce cher Automobile Club de France que nous ne l'avons pas vendue et qu'ils doivent nous rendre la caution exorbitante de 3800 euros qui est bloquée chez eux.

A la recherche d'un camion :
Pendant près de sept jours nous allons chercher un camion susceptible de nous emmener à Khartoum avec la voiture. Les fameux 38T dont nous avons déjà parlé, font cela couramment, ils hissent la voiture tout en haut des sacs en toile de jute qu'ils transportent, c'est assez impressionnant. Encore faut-il en trouver un qui aurait de la place en cette saison de récoltes ! Ali, le garagiste du coin qui parle anglais et qui est devenu notre ami, nous aide dans cette tâche et nous promet entre autre qu'un de ses amis va arriver dans une demi-heure avec un camion vide. Nous attendrons ce camion pendant 7 jours et je pense que l'année prochaine nous l'attendrons encore. Pour combler cette attente, nous rencontrons des visages de l'eau dont le fameux Baobab creux (voir carnet des initiatives).
Nous rencontrons aussi un autre Ali responsable pour l'ONG Care d'un projet de restauration complète d'une centaine de stations de pompage dans la province. C'est un vieux de la vieille qui a déjà fait beaucoup de projet pour l'eau, notamment des haffirs révolutionnaires près de El Obeid.
Fatigués d'avoir des propositions hallucinantes pour le rapatriement de la voiture, nous proposons à l'ONG Care d'en hériter. Ayant mal compris notre offre, ils commencent par refuser ce qui nous fait paniquer pendant une demi-journée. Dans l'après-midi, Ali, l'ingénieur hydraulique, qui n'était pas là le matin revient nous voir pour avoir de plus amples détails. Ayant compris que nous lui offrons pour son projet d'eau une magnifique voiture, il accepte et dans la foulée il nous fait rencontrer le commissionnaire de la province pour les papiers officiels et nous organise notre départ le soir même pour Khartoum.

Retour à la case départ, à nous l'hiver parisien !
De passage dans la ville d'El Obeid, nous sommes accueillis par l'antenne Care qui s'y trouve. Sans hésiter, Ahmed Abbo, chef de projet haffirs, annule tous ses rendez-vous pour nous faire visiter différents types de haffirs (voir carnet des initiatives).
Notre séjour à Khartoum sera beaucoup moins intéressant que le premier. Nous comptions y rencontrer d'autres ONG, mais les allers et retours dans les couloirs de l'administration douanière ou dans les agences de voyages nous prendront beaucoup trop de temps.
Le 27 novembre, nous décollons enfin de Khartoum en direction Paris où une courte escale devrait nous permettre de rencontrer les écoles qui nous suivent et de relancer nos sponsors.
La prochaine étape est le Brésil, vivement le retour dans l'hémisphère sud. Il paraît qu'il fait froid à Paris.

Journal du 29 octobre au 27 novembre 2003 par Loïc

< précédent     suivant >     retour <<


La goutte d'or de la quinzaine

Geoffroy la décerne à l'aide soignant :

1200km de Khartoum 4 heures après l'accident :
La rupture du jeûne finie (45 minutes d'attente), l'aide soignant arrive enfin pour me faire un diagnostic général. La consultation commence bien ! Il s'assoit derrière sa table, me pose des questions et griffonne consciencieusement mes réponses sur un bout de papiers à petit carreau. Je me dis tout bas: "celui là au moins il est sérieux, il questionne le patient avant de le manipuler" A la fin du court entretien, sans m'avoir ausculter ni manipuler, j'étais quand même venu pour çà, il me prescrit d'un air grave 7 jours d'arrêt et me tend des médicaments contre la douleur. Balaise l'aide soignant ! Et mes cervicales j'en fais quoi ? Je les remets en place tout seul ?
En fin de compte c'était pt' être mieux comme ça...

 

Haut de page

© Hydrotour 2003

Réalisation Laure-Anne de Moncuit & Webdesigner.ro

Menu: