accueil
cliquez pour lire la Newsletter



Nous aider

Carnet des initiatives

L'eau dans la culture Andine

 

Dans la culture andine, de racine agropastorale, la terre et l'eau ont une importance capitale.
Depuis l'époque pré-Inca, les peuples andins ont du faire face aux problèmes de l'eau pour leurs cultures, et nombreux ont rendu des zones désertiques fertiles, grâce à l'irrigation.
Par la suite, les Incas ont perfectionné et construit d'autres canaux d'irrigation dans différentes parties des Andes. Dans le même temps surgissait une religion où apparaissaient des dieux protecteurs de la vie, parmi lesquels l'eau.

Les peuples andins ont appris leur conception et cosmovision de l'eau par oral dans des contes et légendes et autres narrations. Le manque d'écritureest un des problèmes majeurs que les spécialistes rencontrent dans leur étude de la culture préhispanique. Si les mythes se conservent, c'est grâce à la tradition orale qui les transmet de génération en génération. Il n'existe donc pas de textes directement laissés par les peuples, les seuls restes sont archéologiques, ou viennent des fameuses chroniques écrites par les extirpateurs d'idolâtrie espagnols.
Ces chroniques sont un espèce de registre de mythes, légendes, fables et descriptions de fêtes et cérémonies. On y trouve décrite, la conception que les habitants du Pérou avaient de l'eau, des grêlons, de la neige et de leur croyance religieuse à propos d'êtres surnaturels et de dieux qui produisent, protègent et sont maîtres de ces phénomènes et sources d'eau.

L'eau dans les différentes cultures

Les Grecs avec Thalès de Mileto croyaient que tout Être tenait son origine des quatre éléments :
Eau, Terre, Air, Feu.

Grecs et Romains divinisèrent les rivières, les fleuves, les lacs et les sources.

Les Egyptiens invoquèrent Krum, dieu des fleuves et des cataractes. Pour eux, le Nil descendait du ciel pour se convertir en un grand bienfaiteur

Les Sémites adoraient un Dieu qui transcendait le cosmos. L'eau était symbole de grâce (baptême, pardon, purification, bénédiction) et de punition (le déluge).

Les cultures préhispaniques vénéraient la nature, considérant que les phénomènes cosmiques étaient le résultat d'actions d'êtres surnaturels. Ces religions s'appellent animistes.

Le culte de l'eau dans la culture Pré-Incas

"Paccha" est un terme Quechua qui signifie chute d'eau, cataracte. Le terme peut aussi faire allusion à une fontaine ou à une petite chute d'eau artificiele d'un canal d'irrigation par exemple. Son origine est une onomatopée qui provient du son "pak" que fait l'eau en tombant sur la pierre.

Les cultures Pré-Incas pratiquaient une agriculture dont la production reposait essentiellement sur l'irrigation. Ils avaient une connaissance pointue en hydraulique, qui leur permettaient de canaliser de l'eau jusqu'à des vastes aires où il n'y en avait pas. Les canaux représentaient des projets massifs de construction basés sur de grands investissements de travail corporatif.
Par exemple, le canal de la Cumbre au Nord du Pérou, qui relie plusieurs bassins entre eux, mesure 84Km et a été construit entre 1200 et 1100 avant Jésus Christ par les Chimú sous l'empereur Chimor. A partir de 900 AVJC, les Chimú construisirent un empire qui s'étendait de l'équateur jusqu'au centre du Pérou avec de grandes aires de cultures jusqu'à la côte. Leur empire etait principalement basé sur une maîtrise parfaite de l'irrigation.
La prouesse technique de ce canal ne réside pas dans sa longueur pour l'époque, mais bien dans sa maîtrise des courbes de niveaux et le respect des lois de gravité au cœur de la géographie complexe des Andes.

Le rôle civilisateur de l'eau ou la domination de l'eau par l'homme

"L'eau est un élément que l'homme doit dominer pour la construction de sa culture".
Cependant l'eau joue un rôle différent dans chaque culture selon l''emplacement géographique de la population.
Par exemple, les Egyptiens ont su vaincre l'hostilité du désert grâce au Nil.

Dans les Andes, le défi pour l'homme fut l'irrégularité du terrain. Les rivières, qui drainent l'eau de toute la vallée, descendent rapidement dans le fond de la vallée ou disparaissent dans des cassures de terrain, il faut donc fournir un travail mécanique pour la remonter et pouvoir l'utiliser sur les pentes et dans les plaines. Il faut donc empêcher de laisser cette eau partir au fond de la vallée.
Le défi fut de construire des andennes (terrasses) pour utiliser l'eau directement sur les les pentes et des barrages et canaux d'irrigation pour récupérer l'eau et multiplier la production grâce à l'irrigation.

Ce savoir de l'eau n'est pas propre qu'aux Incas (début d'expansion vers 1100), les Nazcas (antérieur aux Incas) amenaient déjà l'eau des montagnes enneigées et lui faisaient traverser les déserts dans des canaux souterrains afin de limiter les pertes par évaporation.

Le fait que le Pérou antique nous est connu comme étant un grand peuple d'agriculteur trouve sa justification dans les grandes œuvres des ingénieurs en hydraulique. Ils travaillaient avec une grande précision et maîtrisaient parfaitement les problèmes de niveau sachant que seule la force gravitaire leur permettait de transporter l'eau d'un point à un autre.
Point important qui laisse encore aujourd'hui les experts perplexes et admiratifs, ces peuples ne possédaient pas la connaissance du théodolite (instrument portatif d'astronomie et de topographie servant à mesurer les angles, calculer la pente du terrain, etc…).

Le culte de l'eau

Remarque : Quand on parle d'un Empereur Inca, on dit l'Inca. Il est vu comme l'être supérieur, civilisateur doté de pouvoirs surnaturels. Afin d'arrêter toute résistance lors de la colonisation, les espagnols de Pizarro firent démembrer le corp du dernier Inca Tupac Amaruet et ils le dispersèrent dans la montagne.

Exemple de quelques pratiques :

Au mois d'octobre quand il ne pleuvait pas, on attachait une femelle lama noire sur la place du village et on la laissait sans manger ni boire jusqu'à ce qu'il pleuve.

Ailleurs, sur ordre de l'Inca Huyana Capac on avait mis deux récipients remplis d'eau sur la cime de la montagne la plus haute. De cette manière les gens du lieu demandaient que l'eau tombe à cet endroit.

L'eau symbole de fertilité

On rapporte l'existence de pèlerinages jusqu'au fontaine où l'on envoyait un couple d'enfants ou d'adolescents, l'un représentant le soleil et l'autre la lune (la lune symbolisait parfois la pluie).
Une partie du rite du couple simulait le rite matrimonial avec la symbolique de la fertilité. Les vestiges archéologiques ne confirment pas l'hypothèse de sacrifice de couples d'enfants. Par contre il y eu des sacrifices de jeunes vierges comme le confirme les découvertes dans les monts de la vallée de la Colca.

L'eau est le symbole de la fertilité car elle fertilise le sol. Ceci est hautement représenté dans certains lieu comme le Machu Picchu, Pisac, Kenko, Koricancha où il y a des "pacchas" de pierre (symbolisant des cascades) où le liquide sort par la représentation d'un phallus ou d'un emblème phallique.

Les rites aquatiques de purification de l'eau étaient importants. Ils permettaient de se laver physiquement et spirituellement. L'eau du bain est d'ailleurs considérée comme fertilisante. L'eau faisait aussi son apparition dans le rituel des morts. Pour séparer définitivement la vie de la mort on devait laver les vêtements du mort.
Les Incas pensaient aussi que les morts souffraient de la soif et pour cela on devait leur offrir de l'eau, en cette croyance sur les défunts s'apparente à celle des Sémites.

Celui qui traverse un court d'eau, doit boire l'eau de celui-ci pour ne pas être blessé par lui.

L'eau divinisée

Certains animaux étaient intimement liés à la vie des sources comme les batraciens, les serpents, les oiseaux et les mammifères. En fait il s'agit de tous les amnimaux qui vivaient près de l'eau ou qui buvaient l'eau de la source.

Huiracocha ou Illa Ticsi Wira Cocha est une divinité associée à la mer, c'est le grand créateur de toutes choses dans la cosmogonie. C'est le dieu maître du monde. Dans la hierarchie, il est situé au-dessus du soleil et de la lune, c'est lui qui s'en est allé en marchant sur la mer. On suppose donc que c'est lui que les Incas ont vu revenir en voyant les Espagnols arriver lors de la colonisation. Ce dieu est toujours associé à l'eau car il réalisait des œuvres hydrauliques.

La Mama Qocha (Madre Mar) est une autre déesse qui subsiste encore aujourd'hui, elle est invoquée par les villages pour avoir de l'eau pour les cultures.

Comme les Incas étaient animistes, ils croyaient que toutes les choses qui les entouraient possédaient une essence divine, une âme. Ils rendaient donc aussi un culte direct à l'eau, aux sources, aux rivières…


Quelques mythes et légendes

La vierge du ciel et son cruchon d'eau :
La légende raconte que "Celui qui Fait" a mis dans le ciel une vierge avec une cruche pleine d'eau. Comme la cruche a été cassée par le frère de la vierge, l'eau sort par les ouvertures à la base et sur les côtés. Le bruit de l'eau qui tombe donne le tonnerre et les éclairs. L'eau, les grêlons ou la neige sont produits par la vierge.

L'homme vient de l'eau et du Déluge :
Dans la culture inca, l'Homme naît de l'eau, il est directement engendré par le lac Titicaca.
Dans d'autres cultures préhispaniques, il existe même le déluge où seul un couple accompagné ou non de quelques enfants est sauvé. Par la suite il repeuple la terre en se reproduisant ou en en faisant sortir hommes et animaux de toutes choses dont lacs, rivières, arbres, montagnes....

L'eau pacificatrice :
A l'époque Pré-Incas, la zone de Huarochini était habitée par deux groupes ethniques qui se guerroyaient la souveraineté sur ce territoire. Les Yungas de la côte et les Yauyo de la sierra. La nécessité de trouver de l'eau pour boire les ont obligés à s'unir et à célébrer de grandes fêtes qui sont contées par Fransisco de Avila.

L'eau, cadeau des dieux :
Le dieu Pariacaca s'est un jour épris d'une vierge, et pour arriver à ses fins, il lui offrit beaucoup d'eau pour irriguer le maïs. Pariacaca améliora et élargit un canal d'irrigation existant et de cette façon fit venir l'eau pour irriguer les champs de maïs de San Lorenzo de Quinti. Conquise, la vierge s'en alla avec le dieu. Il la conduisit à la bouche et mère du canal d'irrigation où elle resta transformée en pierre à laquelle les natifs du lieu rendent encore un culte.

Collquiri est le dieu propriétaire du lac Yarnsa qui est la source du Rio Lurín chez les Yauyos.
Capiama est une vierge d'un village qui possède un cruchon magique de chicha (sorte de bière faite de maïs fermenté). Elle et son village souffrent d'un manque d'eau pour l'irrigation des cultures de maïs, de quinoa et d'oca. Un jour, le dieu s'épris de la vierge, elle fut séduite et s'en fut vivre avec lui dans le lac. La famille de la vierge la rechercha et l'ayant trouvé, elle récrimina le dieu d'avoir enlever la fille de l'un et la sœur des autres. Pour les apaiser, le dieu promis d'amener de l'eau au village. Il construisit des canaux sous-terrains et fit jaillir trois sources dont l'une en haut du village de Yampilla s'appelle Capiama.
Jaloux, le village voisin de Concha, rival de Yampilla, réclama au dieu des faveurs. Collquiri dans sa grande bonté leur construisit un barrage sur le lac pour donner de l'eau en abondance au village de Concha.

L'eau dans la culture Quechua contemporaine

Deux lieux ont été particulièrement étudiés par les sociologues et archéologues : la vallée de la Colca et San Pedro de Casta. Dès qu'ils sont arrivés, les Espagnols ont essayé d'éliminer toutes traces de religion existantes, spécialement lors de l'étape appelée extirpation d'idolâtrie. Alors que beaucoup d'autres cultes n'existent plus aujourd'hui, celui de l'eau n'a pu être extirpé, non seulement parce qu'il était fort mais aussi parce qu'il fait partie du cycle annuel des cultures et qu'il est donc considéré comme essentiel pour la vie.

La fête de l'eau a différent nom suivant les communautés où elles se réalisent : Yarqa Haspiz, limpia de acequia (entretien des canaux), champeria...
Il s'agit en fait d'un travail collectif pour maintenir les systèmes hydrauliques de la communauté. On s'occupe du lavage physique des canaux mais aussi de son lavage spirituel, on reconduit le pacte passé avec le possesseur des eaux pour qu'elles continuent à irriguer et à faire produire la terre de la communauté.
C'est la conjonction du travail collectif et de la fête mais aussi l'occasion de rendre un culte a des êtres surnaturels protecteurs de l'homme. On y fait des offrandes dans des lieux stratégiques du système hydraulique, mais aussi au sommet des montagnes et dans les villages ; ces offrandes sont destinées aux dieux donnant l'eau et aux dieux protecteurs en général.

Les travaux hydrauliques se font avant les semis. Dans ces localités, toute culture dépend de l'eau d'irrigation, il est donc important de curer les canaux avant qu'ils ne commencent à répartir l'eau. On apporte des offrandes à la source d'eau, à la prise d'eau et aux lieux stratégiques du système hydraulique comme un passage dangereux ou souterrain.

Beaucoup d'ouvrages d'irrigation ont demandé l'union de différentes communautés. A San Pedro de Casta, se réunissent les communautés de Carampoma, Mitmaq et Laraos pour réaliser la maintenance d'un canal qui leur bénéficie à tous. Cette coopération intercommunale permet de conserver les systèmes hydrauliques, amène la population à réaliser un même rite, permet qu'ils se réunissent pour leurs activités et permet que les autorités entrent en contact périodiquement et prennent des décisions consensuelles de manière démocratique.

En même temps que le nettoyage des canaux et des tanks subsiste le culte de l'eau.
Dans un ouvrage hydraulique, le maître est différent du constructeur mythique.
Par exemple, dans le cas de Yanque Hanansayo, Waranqante fut le constructeur de l'ouvrage, mais le maître est la montagne de Waranqante et c'est dans ses mains qu'est le pouvoir de donner plus ou moins d'eau.

Exemple de cérémonie :
La cérémonie se divise en plusieurs parties. Il y a principalement trois offrandes depuis la sortie du village : une à minuit dans la maison de Yaku alcalde (le maire de l'eau), une autre à mi-chemin avec la source et une autre à la source au lever du jour, c'est l'offrande principale.
Ensuite à lieu l'entretien et la réparation des canaux, travail festif qui dure entre 1 et 3 jours selon la longueur des canaux.
Un autre moment important de la cérémonie est l'innondation des canaux et l'arrivée de l'eau aux semis. Parfois dans les villages où il y a une "paccha" (cascade artificielle du canal principal), on ferme le canal avec de la boue. A la source, un homme libère l'eau et court avec un drapeau à côté d'elle lorsqu'elle dévale le canal vers la partie basse. Là tout le monde attend vêtu de fête. Quand l'eau arrive, ils jouent de la musique et l'eau rompt le barrage et tombe avec grands fracas.
Les femmes ont un rôle important puisqu'elle se mettent le long du canal et au moment où l'eau et la boue passe près d'elle, elle lance de la chicha (bière de maïs) de leur cruchon et les remplissent immédiatement d'eau qu'elles boivent avec enthousiasme. S'ensuit une grande fête de clôture où l'on danse et on boit toute la nuit.

Dans ces cérémonies, la division des tâches et l'assignation des fonctions selon le sexe et l'âge à un rôle important. Non seulement pour l'aspect organisation sociale mais aussi pour le rituel.
Grâce à ce rituel il n'est plus discuté de qui doit faire l'entretien et à qui appartiennent les canaux. C'est le bien de tous et que votre champ soit en haut ou en bas de la montagne tout le monde fournit le même travail. L'eau n'est pas non plus un du, c'est un cadeau des dieux et tout manquement envers ce cadeau ou le dieu entraîne la perte du liquide bienfaiteur.

L'eau symbole de fertilité :
L'attente de l'eau par les femmes les jambes écartées au dessus du canal est le symbole clair de la masculinité de l'eau et de la féminité de la terre. La terre se détrempe pour être fertilisée par l'eau. Ensuite pour ce solidariser avec la terre les femmes doivent boire cette eau.
Il y a aussi une division claire entre femmes mariées et célibataires. Dans certains cas, les femmes célibataires vont, ornées, participer à un jeu clairement sexuel où elles sont poussées dans le réservoir pour être mouillées par l'eau.
Il existe des villages riverains qui organise des fêtes, où à la fin des festivité les hommes et les femmes célibataires des deux villages doivent se mêler.
Les fêtes pour les canaux sont en a deux période : avril, mai ou juin et août, septembre ou octobre. Parfois il existe un fête spécifique pour le curage des es barrages et des réservoirs, c'est alors au mois de février, moment où ils sont le plus secs (fin de l'été).

Mythes et traditions orales contemporaines

Deux emblèmes sont associés à l'eau dans la culture andine :
- la cruche
- le bâton de pèlerin ou perche

Le dieu le plus ancien qui a possédé ce bâton fut Pachacamac mais d'autres l'ont aussi eu comme Ticsi, Wiraqocha, Tonapa et Manco Capac.

Tradition orale de l'Incacoma (Province de Paruro).
Les Incas sont ceux qui ont apporté l'eau de manière souterraine pour ne pas souffrir de la soif. Ici dans le Ayllu Maska, vivait un Inca qui avait une fille vierge. Un jour il dit : "celui qui conduira l'eau jusqu'à la porte de ma maison, celui-là vivra avec ma fille". Un des prétendants amena l'eau à travers les rocailles, il creusait les rocher comme s'ils étaient faits de boue. Jusqu'à aujourd'hui ce canal existe encore. C'est lui qui a remporté la vierge.
Un autre Inca prétendant creusa un canal souterrain, on n'a d'ailleurs jamais su comment, mais il arriva plus bas que la maison. Aujourd'hui ce canal sert encore.

Certains villageois considèrent que l'eau est la sueur de la Madre Tierre (La Mère Terre).

D'autres considèrent que l'eau de la mer disparaît dans des veines. Au centre des montagnes, on retrouve les veines qui viennent depuis la mer.

L'eau souterraine (version de Masca) :
Un jour un pasteur était allongé sur le sol dans les montagnes et gardait ses lamas. Sur le sommet de la montagne, des condors s'étaient rassemblés et commençaient à parler entre eux comme dans une assemblée humaine. Le chef des condors demandait aux autres si dans leur village, ils avaient de l'eau.
"Et dans ton secteur, il y a de l'eau ?"
"Là où je vis, il n'y a pas d'eau" répondit l'un d'eux.
Et le chef lui dit : "Comment, tu ne sais pas que dans ce secteur il y a de l'eau cachée sous une pierre plate ? Elle est très facile à sortir à n'importe quel moment, mais après, garder la source, il faut faire des offrandes". Et il décrivit l'endroit avec précision.
"Et dans ton secteur, il y a de l'eau ?"
"Oui dans le mien, il y a de l'eau en abondance". Et ils continuèrent ainsi à parler à voix hautes.
Tout cela, le pasteur pouvait l'entendre. Une fois qu'ils eurent quitté le lieu, le pasteur gagna le village où manquait l'eau, il avisa d'abord un pauvre pasteur de lama comme lui : "Va trouver le président dis-lui que je sais où il y a de l'eau. Qu'ils viennent avec beaucoup de vin, de bières et de feuilles de coca, que tous les hommes viennent, mais pas les femmes. Là ils verront comment je fais sortir l'eau, on ferra une grande fête et ils devront faire de bonnes offrandes".
Quant vint le village, il avait déjà recherché la pierre plate dont parlaient les condors et ils avaient entendu un bruit d'eau qui coulait dans les profondeurs de la terre. Ils avaient donc veillé à côté jour et nuit jusqu'à ce qu'ils arrivent. Il se mit alors à leur tête et souleva la pierre, l'eau sortit en abondance.
De retour au village, le pasteur reçu toute la considération des villageois et il lui offrirent une maison au centre de leur communauté. Dès lors il fut considérer par eux comme étant leur gouverneur.

Pour protéger l'eau :
Si on cherche de l'eau on peut en trouver dans certains lieus humides où poussent certaines plantes. Au fur et à mesure que l'on creuse, la terre commence à pleurer et l'on arrive enfin à une veine. A partir de ce moment, il faut faire des offrandes et alors l'eau continue à couler. Elle s'arrêtera si l'on puise avec une jarre pleine de suie, sale. Les sources n'aiment pas le noir, seul le blanc doit servir à puiser l'eau, quand elles voient le noir, elles régressent et se tarissent.
Pour qu'il sorte plus d'eau il faut faire des offrandes avec des œufs d'une poule vierge ou d'une canne vierge, la tête d'un canard, de l'eau de vif d'argent ou une corne de vache. Tout ceci s'enterre à côté de la source.

L'Inca de Qhewar (Masca, Paruro) :
L'Inca vint pour faire passer l'eau dans tous les ayllus de ce côté. Le père de la princesse ñust'a lui demanda : "tu veux te marier avec la princesse ?". Il répondit : "Oui, je vais l'épouser. Après je conduirai l'eau jusqu'ici avec ma couleuvre d'or".
Quand il sortit sa couleuvre, elle commença à progresser sur le sol et partout où elle passait, s'ouvrait un canal avec beaucoup d'eau, même au milieu des rochers.
Assez loin du village ils construisirent un foyer pour que la princesse cuisine pour l'Inca. Mais à cet endroit le père de la ñust'a, qui était en fait un autre Inca jaloux du pouvoir de la couleuvre, enferma sa fille dans une pierre afin qu'elle ne puisse plus voir l'Inca de Qhewar. Ce dernier s'en offensa et laissa son œuvre incomplète. On dit qu'il s'en fut voyager jusqu'au village de Herwes où existe toujours une communauté d'Inca qui travaillent l'or, la pierre, etc…

L'Inca est un héros civilisateur qui creuse des canaux d'irrigation, qui donne naissance aux sources et démontre son pouvoir sur la nature.
Certains mythes et traditions expliquent quelles sources sont potables, lesquelles doivent être utilisées pour le bétail ou pour laver les vêtements de couleur et les vêtements blancs. Ces mythes insistent souvent sur l'importance de ne pas polluer ou salir la source afin de ne pas l'offenser et donc de ne pas la tarir.
Cela démontre qu'il possédait une grande connaissance de la qualité de l'eau et de sa conservation.


Pour l'homme andin, les éléments de l'univers sont la terre et l'eau et dans une forme secondaire l'air et le feu. L'eau est considérée comme élément enlaçant les autres puisqu'ils croyaient que la terre était au-dessus de l'eau, et le soleil (feu) se mettait dans la mer d'un côté et en ressortait de l'autre.
Une autre importance est celle des semences qui ne germent qu'avec de l'humidité, donc l'eau est un principe générateur de vie. L'eau a tellement d'importance que même le ciel ne peut rester sans fleuve on y trouve donc la voie lactée qui est considérée comme partageant la terre (parce que le ciel andin est une sublimation de la terre).

L'eau en général est le principe fécondateur masculin, mais il peut être féminin comme les lacs (Mama Qocha), il apparaît donc parfois comme androgyne. Il peut aussi être considéré comme le sang de la terre.

< précédent     suivant >     retour <<


Photos

 


Le site de Tipon près de Cusco (Pérou), un agencement et une exposition idéale pour une utilisation optimale de l'eau et de la terre.

 

 


Entre chaque étage d'une andenne (terrasse) se trouve une "paccha". La paroi sur laquelle coule l'eau se couvre petite à petit d'algues ce qui permet à l'eau de coller à la paroi et évite ainsi qu'elle ne tombe trop fort sur le sol (diminue ainsi l'érosion de la pierre).

 

 


Sur le site de Tipon un lieu a été créé spécialement pour le culte de l'eau. Aujourd'hui encore, des cérémonies rituelles (et non touristiques) sont organisées par les indiens.

 

 


Une arrivée d'eau sur le site de Tipon (cette source est tarie aujourd'hui). On remarque que les Incas devaient faire avec le terrain et que n'ayant pas d'explosif ils ont du contourner ce rocher.

 

 


A gauche du canal des sortes de palmiers brûlés. Il s'agit d'une pratique ancestrale qui persiste de nos jours. La fumée dégagée par la combustion de cette plante est censée faire tomber l'eau des nuages passant au-dessus.

 

 


Ce lieu serait une sorte de salle de bain où les Incas veillaient à leur hygiène corporelle.

 

 


Ces canalisations ont été retrouvées sur des sites Incas. Elles sont taillées dans une roche volcanique très dure : l'andésite. Aucuns outils n'ayant été retrouvés, on se demande encore aujourd'hui comment de telle canalisation pouvaient être faites en grand nombre.

 

 


Sur la route certains panneaux invitent les Péruviens à protéger l'eau comme le faisaient avant leurs ancêtres. "Suivons l'exemple de nos ancêtre protégeons l'eau".

 

 


Agrandissez la photo pour voir sur la montagne au fond deux saignées (ne pas confondre avec les fils électriques). Il s'agit des deux saignées faites par les Incas qui voulaient épouser la fille de l'Inca à Ayllu Maska. Celle du haut est celle de celui qui épousa la fille. Il est intéressant de voir que l'eau du lac, pourtant si proche, était inaccessible pour cet Inca car ses champs se trouvaient au-dessus du lac. Cela représente bien toute la complexité de gérer l'eau pour un peuple qui n'utilisait que la force gravitaire pour acheminer l'eau.

 

 


L'inca qui remporta la fille vierge dut construire cet aqueduc pour traverser la vallée.

 

 


Le crapaud est un dieu de l'eau. Il est souvent représenté chez les incas seul ou gravé sur la statue d'un autre dieu.

 

 

Haut de page

© Hydrotour 2003

Réalisation Laure-Anne de Moncuit & Webdesigner.ro

Menu: