Visite d'un projet de coopération bilatérale Suisse - Pérou
S'adapter aux différences culturelles.
SANBASUR s'occupe de sanitaire basique
dans le Sud de la Sierra péruvienne.
Pour SANBASUR comme pour beaucoup d'organisme
la dotation de services sanitaire durable
aux communautés rurales est une activité
qui implique un ensemble de facteurs sociaux,
techniques et culturels.
Depuis 1996 SANBASUR a réalisé
des études qui ont permis de mieux
connaître la problématique
du sanitaire rural, les caractéristiques
et l'idiosyncrasie de la culture locale,
point de départ nécessaire
pour mettre en place un projet durable.
C'est pourquoi SANBASUR déclare
consacrer plus de 30% de son budget à
son département social.
Lors du processus de mise en place du système
d'eau et de sanitaire, un accompagnateur
partage pendant près de 1 an la vie
de la communauté.
Le mois précédant les travaux,
l'accompagnateur passe dans toutes les maisons
pour expliquer personnellement à
chaque famille le déroulement exact
du projet et surtout ce qu'ils auront à
fournir en implication personnelle.
Pendant les quatre mois de travaux, l'ingénieur
de SANBASUR coordonne les activités
qui sont réalisés avec les
familles. L'accompagnateur, quant à
lui, continue son travail de médiation
et de sensibilisation auprès de la
population.
Commence ensuite une longue période
de formation qui va durer 6 mois.
Durant cette période tout le village
assiste au cours qui ont lieu tôt
le matin (entre 6h et 8h).
Le renouvellement des 6 volontaires du JASS
(comité de gestion du système
de sanitaire), élus pour 2 ans, ne
pose ainsi pas de problèmes, car
tout le village a reçu la formation
et tous sont compétents pour prendre
la relève.
La formation se divise en 9 modules, pour
chacun d'eux, SANBASUR a créé
un manuel didactique très imagé.
Lorsque nous avons vu ces manuels, nous
avons été surpris par le réalisme
des dessins, qui représentaient des
personnages vêtus à l'européenne.
Notre première question a été
de leur demander "quelle pouvait bien
être l'impact de tels dessins sur
une population andine majoritairement indienne,
ne s'identifiant donc certainement pas à
ces dessins ?"
A notre grande surprise, Jorge Huaman Luna,
l'ingénieur qui nous a accompagné
pendant notre journée de visite,
nous a sorti un autre jeu de manuel dédié
à la zone des hautes Andes.
Il nous a montrés de manière
plus précise les dessins en nous
faisant remarquer que le premier jeu était
destiné aux populations de la forêt
tropicale (Est-Pérou) avec des paysages
sylvestres et des habits européens.
Alors que sur le deuxième jeu, les
dessins reprenaient les costumes traditionnels
ainsi que les paysages andins dans lesquels
évoluent les populations cibles.
"C'est une adaptation que nous avons
été obligés d'apporter
à nos manuels. En effet, les populations
cibles sont souvent analphabètes,
l'impact des dessins est donc fort et les
populations ne s'identifiaient pas au personnage
du manuel. Tous ces petits détails
nous coûtent cher, mais ils sont nécessaires
pour permettre une appropriation du projet
par chaque village".
Payer une redevance et payer une infrastructure
Nous avons fait le tour du village de Pampachulla
avec l'ingénieur Jorge et un membre
du JASS, nous avons ainsi pu interroger
les villageois sur leur perception du projet.
Ils ont tous compris que le système
d'eau potable qui a été installé
est pratique et utile pour leur santé.
On entend par système d'eau, un robinet
constitué d'un évier à
l'extérieur de la maison, des latrines
qu'ils doivent construire eux-mêmes
en adobe (torchis) ainsi que la fosse sceptique.
SANBASUR prend à sa charge avec la
commune la cuvette et les canalisations
d'arrivée et d'évacuation
de l'eau.
Quelques habitants du village, qui n'ont
pas encore leur latrines/douche, sont venus
nous demander de l'argent et des matériaux
pour la construire.
De même lorsque nous avons évoqué
le sujet de la facturation de l'eau, le
point semblait mal compris par la population.
L'eau ne devrait pas être payante.
Pourtant, comme nous l'explique l'ingénieur,
lorsque l'électricité est
arrivée, tout le monde a accepté
de payer sans discuter la note... Aujourd'hui
il paye mensuellement10 fois le prix de
l'eau et cela sans aucune réclamation.
Il ajoute, "c'est aussi sans discussion
d'ailleurs qu'on leur coupe en cas d'impayé".
Mais ce n'est pas très dissuasif,
car les habitants retournent comme au bon
vieux temps à la rivière sans
se soucier du fait que l'eau a été
coupée chez eux.
En sortant du village, nous avions l'impression
que l'eau potable était un luxe.
L'eau du ruisseau (non potable) reste une
solution facile pour ces populations qui
ont toujours fait comme ainsi.
De même pour les latrines et les douches,
investir le peu de revenus du foyer pour
cela est un luxe surtout lorsque c'est une
nécessité apportée
par les gens de la ville.
Pourtant la valeur de l'eau a pris tout
son sens et les mentalités ont su
s'adapter rapidement. De nombreux paysans
font effectivement enregistrer à
la commune les sources de montagne afin
de pouvoir un jour vendre un droit d'accès
à l'eau, comme le font déjà
certaines communes a qui la ville de Oruro
(voisine de Pampachulla) achète de
l'eau
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