Dans la culture andine, de racine agropastorale,
la terre et l'eau ont une importance capitale.
Depuis l'époque pré-Inca,
les peuples andins ont du faire face aux
problèmes de l'eau pour leurs cultures,
et nombreux ont rendu des zones désertiques
fertiles, grâce à l'irrigation.
Par la suite, les Incas ont perfectionné
et construit d'autres canaux d'irrigation
dans différentes parties des Andes.
Dans le même temps surgissait une
religion où apparaissaient des dieux
protecteurs de la vie, parmi lesquels l'eau.
Les peuples andins ont appris leur conception
et cosmovision de l'eau par oral dans des
contes et légendes et autres narrations.
Le manque d'écritureest un des problèmes
majeurs que les spécialistes rencontrent
dans leur étude de la culture préhispanique.
Si les mythes se conservent, c'est grâce
à la tradition orale qui les transmet
de génération en génération.
Il n'existe donc pas de textes directement
laissés par les peuples, les seuls
restes sont archéologiques, ou viennent
des fameuses chroniques écrites par
les extirpateurs d'idolâtrie espagnols.
Ces chroniques sont un espèce de
registre de mythes, légendes, fables
et descriptions de fêtes et cérémonies.
On y trouve décrite, la conception
que les habitants du Pérou avaient
de l'eau, des grêlons, de la neige
et de leur croyance religieuse à
propos d'êtres surnaturels et de dieux
qui produisent, protègent et sont
maîtres de ces phénomènes
et sources d'eau.
L'eau dans les différentes cultures
Les Grecs avec Thalès de
Mileto croyaient que tout Être tenait
son origine des quatre éléments
:
Eau, Terre, Air, Feu.
Grecs et Romains divinisèrent
les rivières, les fleuves, les lacs
et les sources.
Les Egyptiens invoquèrent
Krum, dieu des fleuves et des cataractes.
Pour eux, le Nil descendait du ciel pour
se convertir en un grand bienfaiteur
Les Sémites adoraient un
Dieu qui transcendait le cosmos. L'eau était
symbole de grâce (baptême, pardon,
purification, bénédiction)
et de punition (le déluge).
Les cultures préhispaniques
vénéraient la nature, considérant
que les phénomènes cosmiques
étaient le résultat d'actions
d'êtres surnaturels. Ces religions
s'appellent animistes.
Le culte de l'eau dans la culture Pré-Incas
"Paccha" est un terme
Quechua qui signifie chute d'eau, cataracte.
Le terme peut aussi faire allusion à
une fontaine ou à une petite chute
d'eau artificiele d'un canal d'irrigation
par exemple. Son origine est une onomatopée
qui provient du son "pak" que
fait l'eau en tombant sur la pierre.
Les cultures Pré-Incas pratiquaient
une agriculture dont la production reposait
essentiellement sur l'irrigation. Ils avaient
une connaissance pointue en hydraulique,
qui leur permettaient de canaliser de l'eau
jusqu'à des vastes aires où
il n'y en avait pas. Les canaux représentaient
des projets massifs de construction basés
sur de grands investissements de travail
corporatif.
Par exemple, le canal de la Cumbre au Nord
du Pérou, qui relie plusieurs bassins
entre eux, mesure 84Km et a été
construit entre 1200 et 1100 avant Jésus
Christ par les Chimú sous l'empereur
Chimor. A partir de 900 AVJC, les Chimú
construisirent un empire qui s'étendait
de l'équateur jusqu'au centre du
Pérou avec de grandes aires de cultures
jusqu'à la côte. Leur empire
etait principalement basé sur une
maîtrise parfaite de l'irrigation.
La prouesse technique de ce canal ne réside
pas dans sa longueur pour l'époque,
mais bien dans sa maîtrise des courbes
de niveaux et le respect des lois de gravité
au cur de la géographie complexe
des Andes.
Le rôle civilisateur de l'eau
ou la domination de l'eau par l'homme
"L'eau est un élément
que l'homme doit dominer pour la construction
de sa culture".
Cependant l'eau joue un rôle différent
dans chaque culture selon l''emplacement
géographique de la population.
Par exemple, les Egyptiens ont su vaincre
l'hostilité du désert grâce
au Nil.
Dans les Andes, le défi pour l'homme
fut l'irrégularité du terrain.
Les rivières, qui drainent l'eau
de toute la vallée, descendent rapidement
dans le fond de la vallée ou disparaissent
dans des cassures de terrain, il faut donc
fournir un travail mécanique pour
la remonter et pouvoir l'utiliser sur les
pentes et dans les plaines. Il faut donc
empêcher de laisser cette eau partir
au fond de la vallée.
Le défi fut de construire des andennes
(terrasses) pour utiliser l'eau directement
sur les les pentes et des barrages et canaux
d'irrigation pour récupérer
l'eau et multiplier la production grâce
à l'irrigation.
Ce savoir de l'eau n'est pas propre qu'aux
Incas (début d'expansion vers 1100),
les Nazcas (antérieur aux Incas)
amenaient déjà l'eau des montagnes
enneigées et lui faisaient traverser
les déserts dans des canaux souterrains
afin de limiter les pertes par évaporation.
Le fait que le Pérou antique nous
est connu comme étant un grand peuple
d'agriculteur trouve sa justification dans
les grandes uvres des ingénieurs
en hydraulique. Ils travaillaient avec une
grande précision et maîtrisaient
parfaitement les problèmes de niveau
sachant que seule la force gravitaire leur
permettait de transporter l'eau d'un point
à un autre.
Point important qui laisse encore aujourd'hui
les experts perplexes et admiratifs, ces
peuples ne possédaient pas la connaissance
du théodolite (instrument portatif
d'astronomie et de topographie servant à
mesurer les angles, calculer la pente du
terrain, etc
).
Le culte de l'eau
Remarque : Quand on parle d'un Empereur
Inca, on dit l'Inca. Il est vu comme l'être
supérieur, civilisateur doté
de pouvoirs surnaturels. Afin d'arrêter
toute résistance lors de la colonisation,
les espagnols de Pizarro firent démembrer
le corp du dernier Inca Tupac Amaruet et
ils le dispersèrent dans la montagne.
Exemple de quelques pratiques :
Au mois d'octobre quand il ne pleuvait
pas, on attachait une femelle lama noire
sur la place du village et on la laissait
sans manger ni boire jusqu'à ce qu'il
pleuve.
Ailleurs, sur ordre de l'Inca Huyana Capac
on avait mis deux récipients remplis
d'eau sur la cime de la montagne la plus
haute. De cette manière les gens
du lieu demandaient que l'eau tombe à
cet endroit.
L'eau symbole de fertilité
On rapporte l'existence de pèlerinages
jusqu'au fontaine où l'on envoyait
un couple d'enfants ou d'adolescents, l'un
représentant le soleil et l'autre
la lune (la lune symbolisait parfois la
pluie).
Une partie du rite du couple simulait le
rite matrimonial avec la symbolique de la
fertilité. Les vestiges archéologiques
ne confirment pas l'hypothèse de
sacrifice de couples d'enfants. Par contre
il y eu des sacrifices de jeunes vierges
comme le confirme les découvertes
dans les monts de la vallée de la
Colca.
L'eau est le symbole de la fertilité
car elle fertilise le sol. Ceci est hautement
représenté dans certains lieu
comme le Machu Picchu, Pisac, Kenko, Koricancha
où il y a des "pacchas"
de pierre (symbolisant des cascades) où
le liquide sort par la représentation
d'un phallus ou d'un emblème phallique.
Les rites aquatiques de purification de
l'eau étaient importants. Ils permettaient
de se laver physiquement et spirituellement.
L'eau du bain est d'ailleurs considérée
comme fertilisante. L'eau faisait aussi
son apparition dans le rituel des morts.
Pour séparer définitivement
la vie de la mort on devait laver les vêtements
du mort.
Les Incas pensaient aussi que les morts
souffraient de la soif et pour cela on devait
leur offrir de l'eau, en cette croyance
sur les défunts s'apparente à
celle des Sémites.
Celui qui traverse un court d'eau, doit
boire l'eau de celui-ci pour ne pas être
blessé par lui.
L'eau divinisée
Certains animaux étaient intimement
liés à la vie des sources
comme les batraciens, les serpents, les
oiseaux et les mammifères. En fait
il s'agit de tous les amnimaux qui vivaient
près de l'eau ou qui buvaient l'eau
de la source.
Huiracocha ou Illa Ticsi Wira Cocha est
une divinité associée à
la mer, c'est le grand créateur de
toutes choses dans la cosmogonie. C'est
le dieu maître du monde. Dans la hierarchie,
il est situé au-dessus du soleil
et de la lune, c'est lui qui s'en est allé
en marchant sur la mer. On suppose donc
que c'est lui que les Incas ont vu revenir
en voyant les Espagnols arriver lors de
la colonisation. Ce dieu est toujours associé
à l'eau car il réalisait des
uvres hydrauliques.
La Mama Qocha (Madre Mar) est une autre
déesse qui subsiste encore aujourd'hui,
elle est invoquée par les villages
pour avoir de l'eau pour les cultures.
Comme les Incas étaient animistes,
ils croyaient que toutes les choses qui
les entouraient possédaient une essence
divine, une âme. Ils rendaient donc
aussi un culte direct à l'eau, aux
sources, aux rivières
Quelques mythes et légendes
La vierge du ciel et son cruchon d'eau
:
La légende raconte que "Celui
qui Fait" a mis dans le ciel une vierge
avec une cruche pleine d'eau. Comme la cruche
a été cassée par le
frère de la vierge, l'eau sort par
les ouvertures à la base et sur les
côtés. Le bruit de l'eau qui
tombe donne le tonnerre et les éclairs.
L'eau, les grêlons ou la neige sont
produits par la vierge.
L'homme vient de l'eau et du Déluge
:
Dans la culture inca, l'Homme naît
de l'eau, il est directement engendré
par le lac Titicaca.
Dans d'autres cultures préhispaniques,
il existe même le déluge où
seul un couple accompagné ou non
de quelques enfants est sauvé. Par
la suite il repeuple la terre en se reproduisant
ou en en faisant sortir hommes et animaux
de toutes choses dont lacs, rivières,
arbres, montagnes....
L'eau pacificatrice :
A l'époque Pré-Incas, la zone
de Huarochini était habitée
par deux groupes ethniques qui se guerroyaient
la souveraineté sur ce territoire.
Les Yungas de la côte et les Yauyo
de la sierra. La nécessité
de trouver de l'eau pour boire les ont obligés
à s'unir et à célébrer
de grandes fêtes qui sont contées
par Fransisco de Avila.
L'eau, cadeau des dieux :
Le dieu Pariacaca s'est un jour épris
d'une vierge, et pour arriver à ses
fins, il lui offrit beaucoup d'eau pour
irriguer le maïs. Pariacaca améliora
et élargit un canal d'irrigation
existant et de cette façon fit venir
l'eau pour irriguer les champs de maïs
de San Lorenzo de Quinti. Conquise, la vierge
s'en alla avec le dieu. Il la conduisit
à la bouche et mère du canal
d'irrigation où elle resta transformée
en pierre à laquelle les natifs du
lieu rendent encore un culte.
Collquiri est le dieu propriétaire
du lac Yarnsa qui est la source du Rio Lurín
chez les Yauyos.
Capiama est une vierge d'un village qui
possède un cruchon magique de chicha
(sorte de bière faite de maïs
fermenté). Elle et son village souffrent
d'un manque d'eau pour l'irrigation des
cultures de maïs, de quinoa et d'oca.
Un jour, le dieu s'épris de la vierge,
elle fut séduite et s'en fut vivre
avec lui dans le lac. La famille de la vierge
la rechercha et l'ayant trouvé, elle
récrimina le dieu d'avoir enlever
la fille de l'un et la sur des autres.
Pour les apaiser, le dieu promis d'amener
de l'eau au village. Il construisit des
canaux sous-terrains et fit jaillir trois
sources dont l'une en haut du village de
Yampilla s'appelle Capiama.
Jaloux, le village voisin de Concha, rival
de Yampilla, réclama au dieu des
faveurs. Collquiri dans sa grande bonté
leur construisit un barrage sur le lac pour
donner de l'eau en abondance au village
de Concha.
L'eau dans la culture Quechua contemporaine
Deux lieux ont été particulièrement
étudiés par les sociologues
et archéologues : la vallée
de la Colca et San Pedro de Casta. Dès
qu'ils sont arrivés, les Espagnols
ont essayé d'éliminer toutes
traces de religion existantes, spécialement
lors de l'étape appelée extirpation
d'idolâtrie. Alors que beaucoup d'autres
cultes n'existent plus aujourd'hui, celui
de l'eau n'a pu être extirpé,
non seulement parce qu'il était fort
mais aussi parce qu'il fait partie du cycle
annuel des cultures et qu'il est donc considéré
comme essentiel pour la vie.
La fête de l'eau a différent
nom suivant les communautés où
elles se réalisent : Yarqa Haspiz,
limpia de acequia (entretien des canaux),
champeria...
Il s'agit en fait d'un travail collectif
pour maintenir les systèmes hydrauliques
de la communauté. On s'occupe du
lavage physique des canaux mais aussi de
son lavage spirituel, on reconduit le pacte
passé avec le possesseur des eaux
pour qu'elles continuent à irriguer
et à faire produire la terre de la
communauté.
C'est la conjonction du travail collectif
et de la fête mais aussi l'occasion
de rendre un culte a des êtres surnaturels
protecteurs de l'homme. On y fait des offrandes
dans des lieux stratégiques du système
hydraulique, mais aussi au sommet des montagnes
et dans les villages ; ces offrandes sont
destinées aux dieux donnant l'eau
et aux dieux protecteurs en général.
Les travaux hydrauliques se font avant
les semis. Dans ces localités, toute
culture dépend de l'eau d'irrigation,
il est donc important de curer les canaux
avant qu'ils ne commencent à répartir
l'eau. On apporte des offrandes à
la source d'eau, à la prise d'eau
et aux lieux stratégiques du système
hydraulique comme un passage dangereux ou
souterrain.
Beaucoup d'ouvrages d'irrigation ont demandé
l'union de différentes communautés.
A San Pedro de Casta, se réunissent
les communautés de Carampoma, Mitmaq
et Laraos pour réaliser la maintenance
d'un canal qui leur bénéficie
à tous. Cette coopération
intercommunale permet de conserver les systèmes
hydrauliques, amène la population
à réaliser un même rite,
permet qu'ils se réunissent pour
leurs activités et permet que les
autorités entrent en contact périodiquement
et prennent des décisions consensuelles
de manière démocratique.
En même temps que le nettoyage des
canaux et des tanks subsiste le culte de
l'eau.
Dans un ouvrage hydraulique, le maître
est différent du constructeur mythique.
Par exemple, dans le cas de Yanque Hanansayo,
Waranqante fut le constructeur de l'ouvrage,
mais le maître est la montagne de
Waranqante et c'est dans ses mains qu'est
le pouvoir de donner plus ou moins d'eau.
Exemple de cérémonie :
La cérémonie se divise en
plusieurs parties. Il y a principalement
trois offrandes depuis la sortie du village
: une à minuit dans la maison de
Yaku alcalde (le maire de l'eau), une autre
à mi-chemin avec la source et une
autre à la source au lever du jour,
c'est l'offrande principale.
Ensuite à lieu l'entretien et la
réparation des canaux, travail festif
qui dure entre 1 et 3 jours selon la longueur
des canaux.
Un autre moment important de la cérémonie
est l'innondation des canaux et l'arrivée
de l'eau aux semis. Parfois dans les villages
où il y a une "paccha"
(cascade artificielle du canal principal),
on ferme le canal avec de la boue. A la
source, un homme libère l'eau et
court avec un drapeau à côté
d'elle lorsqu'elle dévale le canal
vers la partie basse. Là tout le
monde attend vêtu de fête. Quand
l'eau arrive, ils jouent de la musique et
l'eau rompt le barrage et tombe avec grands
fracas.
Les femmes ont un rôle important puisqu'elle
se mettent le long du canal et au moment
où l'eau et la boue passe près
d'elle, elle lance de la chicha (bière
de maïs) de leur cruchon et les remplissent
immédiatement d'eau qu'elles boivent
avec enthousiasme. S'ensuit une grande fête
de clôture où l'on danse et
on boit toute la nuit.
Dans ces cérémonies, la division
des tâches et l'assignation des fonctions
selon le sexe et l'âge à un
rôle important. Non seulement pour
l'aspect organisation sociale mais aussi
pour le rituel.
Grâce à ce rituel il n'est
plus discuté de qui doit faire l'entretien
et à qui appartiennent les canaux.
C'est le bien de tous et que votre champ
soit en haut ou en bas de la montagne tout
le monde fournit le même travail.
L'eau n'est pas non plus un du, c'est un
cadeau des dieux et tout manquement envers
ce cadeau ou le dieu entraîne la perte
du liquide bienfaiteur.
L'eau symbole de fertilité :
L'attente de l'eau par les femmes les
jambes écartées au dessus
du canal est le symbole clair de la masculinité
de l'eau et de la féminité
de la terre. La terre se détrempe
pour être fertilisée par l'eau.
Ensuite pour ce solidariser avec la terre
les femmes doivent boire cette eau.
Il y a aussi une division claire entre femmes
mariées et célibataires. Dans
certains cas, les femmes célibataires
vont, ornées, participer à
un jeu clairement sexuel où elles
sont poussées dans le réservoir
pour être mouillées par l'eau.
Il existe des villages riverains qui organise
des fêtes, où à la fin
des festivité les hommes et les femmes
célibataires des deux villages doivent
se mêler.
Les fêtes pour les canaux sont en
a deux période : avril, mai ou juin
et août, septembre ou octobre. Parfois
il existe un fête spécifique
pour le curage des es barrages et des réservoirs,
c'est alors au mois de février, moment
où ils sont le plus secs (fin de
l'été).
Mythes et traditions orales contemporaines
Deux emblèmes sont associés
à l'eau dans la culture andine :
- la cruche
- le bâton de pèlerin ou perche
Le dieu le plus ancien qui a possédé
ce bâton fut Pachacamac mais d'autres
l'ont aussi eu comme Ticsi, Wiraqocha, Tonapa
et Manco Capac.
Tradition orale de l'Incacoma (Province
de Paruro).
Les Incas sont ceux qui ont apporté
l'eau de manière souterraine pour
ne pas souffrir de la soif. Ici dans le
Ayllu Maska, vivait un Inca qui avait une
fille vierge. Un jour il dit : "celui
qui conduira l'eau jusqu'à la porte
de ma maison, celui-là vivra avec
ma fille". Un des prétendants
amena l'eau à travers les rocailles,
il creusait les rocher comme s'ils étaient
faits de boue. Jusqu'à aujourd'hui
ce canal existe encore. C'est lui qui a
remporté la vierge.
Un autre Inca prétendant creusa un
canal souterrain, on n'a d'ailleurs jamais
su comment, mais il arriva plus bas que
la maison. Aujourd'hui ce canal sert encore.
Certains villageois considèrent
que l'eau est la sueur de la Madre Tierre
(La Mère Terre).
D'autres considèrent que l'eau de
la mer disparaît dans des veines.
Au centre des montagnes, on retrouve les
veines qui viennent depuis la mer.
L'eau souterraine (version de Masca)
:
Un jour un pasteur était allongé
sur le sol dans les montagnes et gardait
ses lamas. Sur le sommet de la montagne,
des condors s'étaient rassemblés
et commençaient à parler entre
eux comme dans une assemblée humaine.
Le chef des condors demandait aux autres
si dans leur village, ils avaient de l'eau.
"Et dans ton secteur, il y a de l'eau
?"
"Là où je vis, il n'y
a pas d'eau" répondit l'un d'eux.
Et le chef lui dit : "Comment, tu ne
sais pas que dans ce secteur il y a de l'eau
cachée sous une pierre plate ? Elle
est très facile à sortir à
n'importe quel moment, mais après,
garder la source, il faut faire des offrandes".
Et il décrivit l'endroit avec précision.
"Et dans ton secteur, il y a de l'eau
?"
"Oui dans le mien, il y a de l'eau
en abondance". Et ils continuèrent
ainsi à parler à voix hautes.
Tout cela, le pasteur pouvait l'entendre.
Une fois qu'ils eurent quitté le
lieu, le pasteur gagna le village où
manquait l'eau, il avisa d'abord un pauvre
pasteur de lama comme lui : "Va trouver
le président dis-lui que je sais
où il y a de l'eau. Qu'ils viennent
avec beaucoup de vin, de bières et
de feuilles de coca, que tous les hommes
viennent, mais pas les femmes. Là
ils verront comment je fais sortir l'eau,
on ferra une grande fête et ils devront
faire de bonnes offrandes".
Quant vint le village, il avait déjà
recherché la pierre plate dont parlaient
les condors et ils avaient entendu un bruit
d'eau qui coulait dans les profondeurs de
la terre. Ils avaient donc veillé
à côté jour et nuit
jusqu'à ce qu'ils arrivent. Il se
mit alors à leur tête et souleva
la pierre, l'eau sortit en abondance.
De retour au village, le pasteur reçu
toute la considération des villageois
et il lui offrirent une maison au centre
de leur communauté. Dès lors
il fut considérer par eux comme étant
leur gouverneur.
Pour protéger l'eau :
Si on cherche de l'eau on peut en trouver
dans certains lieus humides où poussent
certaines plantes. Au fur et à mesure
que l'on creuse, la terre commence à
pleurer et l'on arrive enfin à une
veine. A partir de ce moment, il faut faire
des offrandes et alors l'eau continue à
couler. Elle s'arrêtera si l'on puise
avec une jarre pleine de suie, sale. Les
sources n'aiment pas le noir, seul le blanc
doit servir à puiser l'eau, quand
elles voient le noir, elles régressent
et se tarissent.
Pour qu'il sorte plus d'eau il faut faire
des offrandes avec des ufs d'une poule
vierge ou d'une canne vierge, la tête
d'un canard, de l'eau de vif d'argent ou
une corne de vache. Tout ceci s'enterre
à côté de la source.
L'Inca de Qhewar (Masca, Paruro) :
L'Inca vint pour faire passer l'eau dans
tous les ayllus de ce côté.
Le père de la princesse ñust'a
lui demanda : "tu veux te marier avec
la princesse ?". Il répondit
: "Oui, je vais l'épouser. Après
je conduirai l'eau jusqu'ici avec ma couleuvre
d'or".
Quand il sortit sa couleuvre, elle commença
à progresser sur le sol et partout
où elle passait, s'ouvrait un canal
avec beaucoup d'eau, même au milieu
des rochers.
Assez loin du village ils construisirent
un foyer pour que la princesse cuisine pour
l'Inca. Mais à cet endroit le père
de la ñust'a, qui était en
fait un autre Inca jaloux du pouvoir de
la couleuvre, enferma sa fille dans une
pierre afin qu'elle ne puisse plus voir
l'Inca de Qhewar. Ce dernier s'en offensa
et laissa son uvre incomplète.
On dit qu'il s'en fut voyager jusqu'au village
de Herwes où existe toujours une
communauté d'Inca qui travaillent
l'or, la pierre, etc
L'Inca est un héros civilisateur
qui creuse des canaux d'irrigation, qui
donne naissance aux sources et démontre
son pouvoir sur la nature.
Certains mythes et traditions expliquent
quelles sources sont potables, lesquelles
doivent être utilisées pour
le bétail ou pour laver les vêtements
de couleur et les vêtements blancs.
Ces mythes insistent souvent sur l'importance
de ne pas polluer ou salir la source afin
de ne pas l'offenser et donc de ne pas la
tarir.
Cela démontre qu'il possédait
une grande connaissance de la qualité
de l'eau et de sa conservation.
Pour l'homme andin, les éléments
de l'univers sont la terre et l'eau et dans
une forme secondaire l'air et le feu. L'eau
est considérée comme élément
enlaçant les autres puisqu'ils croyaient
que la terre était au-dessus de l'eau,
et le soleil (feu) se mettait dans la mer
d'un côté et en ressortait
de l'autre.
Une autre importance est celle des semences
qui ne germent qu'avec de l'humidité,
donc l'eau est un principe générateur
de vie. L'eau a tellement d'importance que
même le ciel ne peut rester sans fleuve
on y trouve donc la voie lactée qui
est considérée comme partageant
la terre (parce que le ciel andin est une
sublimation de la terre).
L'eau en général est le principe
fécondateur masculin, mais il peut
être féminin comme les lacs
(Mama Qocha), il apparaît donc parfois
comme androgyne. Il peut aussi être
considéré comme le sang de
la terre.
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