Visite de S.C. Acet S.A. station
de traitement d'eau desservant la ville
de Tulcea et sa petite ceinture le 18/07/03
:
Interlocuteurs :
Petre Caraciobanu directeur de la station
de traitement
Patrice Cristian Croitoriu ingénieur
du service mécanique énergétique.
Histoire :
En 1913, la Reine Marie (de la dynastie
de Carol) demande que soit réalisé
un projet déjà à l'étude
depuis 1897. Objectif de ce projet, desservir
en eau potable la population de Tulcea,
20.000 habitants. Les spécifications
demandaient de fournir 150 L/jour et par
personne.
La ville de Tulcea présentant l'avantage
d'être entourée de collines,
ils opteront pour une distribution gravitaire
grâce à un réservoir
situé à 73m d'altitude.
Depuis, deux autres réservoirs ont
été créés à
110m d'altitude sur une colline voisine.
Aujourd'hui, la ville compte 100.000 habitants
et la demande en eau, industrie comprise,
est de 1500m³/s.
Traitement de l'eau :
1. Première étape : L'eau
est pompée directement du Danube
à 6 Km de l'usine par 2 pipelines
de 1m de diamètre avec un débit
de 700 Litres par seconde (le maximum étant
de 2100 L/s).
A son arrivée dans l'usine, l'eau
est directement mélangée au
sulfate d'aluminium et au chlore. Ce mélange
à pour but de détruire, les
microorganismes contenus dans l'eau.
2. Deuxième étape : L'eau
est amenée dans un grand réservoir
cylindrique en béton à ciel
ouvert. Ce réservoir est appelé
décanteur. L'eau y séjourne
35 à 40 minutes pendant lesquelles
toutes les particules en suspensions (sables,
particules organiques, etc…) plus
ou moins agglomérées au sulfate
d'ammonium et au chlore vont se déposer
dans le fond du réservoir. La boue
ainsi accumulée est appelée
boue active.
L'eau est prélevée continuellement
dans la partie supérieure du réservoir
(là ou elle est la plus propre).
3. Troisième étapes : Une
fois décantée, l'eau est envoyée
vers un grand filtre composé de deux
couches.
Un lit de quartz (sable) dont les grains
ont une granulométrie comprise entre
1 et 2 mm (de diamètre).
Un filtre plastique ayant des trous de 0,5
à 0,7mm de diamètre, sur lequel
repose le sable
Ce filtre (sable +filtre plastique) est
nettoyé toutes les 12 heures par
injection d'eau dans l'autre sens pendant
10 à 12 min.
Vérification chimique :
Toutes les heures un échantillon
est prélevé à la sortie
du filtre et est directement analysé
dans le laboratoire de l'usine. Cette analyse
a pour but de quantifier la teneur en produit
chimique de l'eau (nitrate, sulfate, aluminium,
ammoniaque, pH, etc…). Pour l'instant
les résultats quotidiens sont conformes
aux normes européennes.
Réservoirs :
Sur une autre colline (celle de 110 d'altitude)
Acet a installé son siège
et deux réservoirs :
- un de 5000 m³ (1m de profondeur)
- un de 10000m³ (divisé en deux
d'une profondeur de 20 m)
Voilà le système est très
simple. La Roumanie est un des derniers
pays à l'utiliser.
Solution de secours :
En cas de gros problèmes, mauvaise
qualité de l'eau du Danube ou d'accident
dans la station par exemple, Acet dispose,
à 100m de profondeur, d'une nappe
phréatique capable de lui délivrer
300m³/s d'une eau potable.
Traitement des eaux usées
:
Toutes les eaux usées issues des
maisons sont rejetées directement
dans le Danube.
Toutes les eaux techniques issues de l'usine
de traitement sont rejetées dans
le Danube y compris les boues actives récoltées
au fond des décanteurs.
Nous n'avons pas de détail sur la
destination des eaux industrielles. Elles
doivent légalement être retraitées
par les industries avant rejet dans le Danube.
Problèmes :
- Aucun retraitement des eaux usées
(domestiques et peu industrielles)
- Une perte d'eau potable énorme
de 75% due à la vétusté
du réseau et donc à de nombreuses
fuites. Certaines des portions du réseau
ont plus de 75 ans.
- Toutes les pompes sont trop vieilles et
trop puissantes. Ceci concerne les pompes
prélevant l'eau du Danube et les
pompes prélevant l'eau des réservoirs
d'eau potable.
Projet :
Le bureau d'étude d'Acet planche
depuis quelques années sur la construction
d'une station d'épuration. Le projet
piétine et n'est soutenu par aucun
politique en charge de la gestion de la
ville. Le comble, plusieurs projets européens
tels ISPA au niveau communal, ou SAPHAR
ou niveau régional, sont prêts
à financer la modernisation de Acet
ainsi que la construction de la station
d'épuration. Seulement, en raison
de conflits d'intérêt, aucune
décision n'est prise au niveau de
l'administration et les projets restent
tel quel dans les caisses.
Tulcea n'est pas un cas isolé en
Roumanie. Elle souffre comme beaucoup d'autres
villes, d'une administration souvent trop
lourde et corrompue héritée
des années communistes. Les associations
françaises rencontrées en
France avant notre départ sont unanimes
sur le diagnostic, prévarication
et conflit d'intérêt à
tous les niveaux de la hiérarchie.
De plus les élus ont une vision à
court terme (leur mandat) et n'engagent
que rarement des projets viables à
long terme. Du coup les associations nées
de jumelages entre les villes françaises
et roumaines refusent de cautionner des
cahiers des charges roumains trop imprécis
et non durables.
Perspectives :
La seule chance de Tulcea, comme de beaucoup
d'autres villes roumaines, sera l'intégration
à l'union Européenne. Le gouvernement
actuel a décidé de jouer la
carte de l'adhésion, il mène
donc une course contre la montre pour satisfaire
aux critères environnementaux européens.
Il fera donc tout pour respecter les directives
qui obligent une épuration des eaux
usées par exemple.
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