Le cas particulier du Delta du
Danube.
Non loin de Tulcea, après 2 heures
de marche dans les méandres du Delta,
nous rencontrons Dragos et son fils Eugen.
Père de 4 enfants, Dragos vit avec
sa famille dans le village de Patlageanca
bordant les rives du Danube.
Ils sont pauvres, lui n'a pas ou très
peu de revenus. Ils vivent essentiellement
du fruit de leur potager et de l'eau du
Danube.
Cependant l'eau ici à un prix, celui
de la sueur. C'est entre 200 et 300 Litres
d'eau qu'ils doivent ponctionner, jusqu'à
15 fois par jour, dans le fleuve, à
pied, armé de deux seaux, pour satisfaire
leurs besoins. La corvée est effectuée
par tous les membres de la famille sans
exceptions, de Dragos à ses enfants,
en passant par sa femme.
Près du bord, avec les remous du
fleuve, l'eau est chargée de boue,
alors il faut enlever ses chaussures et
aller la chercher plus loin. L'eau, ainsi
récoltée est mise à
décanter toute une journée
(parfois moins) et est consommée
telle quelle.
Pour faciliter le travail en hiver, au moment
ou l'eau est froide, ils ont creusé
une tranchée qui amène l'eau
du fleuve dans un trou où elle décante
un peu et ne subit pas les remous.
Pas de problème de santé ??
Aucuns! Ils ont l'air en bonne santé,
de l'extérieur en tout cas et ne
se plaignent pas de problèmes particuliers.
Mais de toutes façons que faire d'autre
?
Depuis quelques mois, Dragos essaye de creuser
un puit, mais, bien qu'il soit près
du fleuve l'eau n'est toujours pas à
7 m de profondeur. Or ce niveau varie au
gré des saisons (et du Danube). Certains
de ses voisins l'ont à 10m, voire
plus au pire de la saison. Alors il va continuer
à creuser petit à petit.
L'eau dans les villages en Roumanie
:
Au fur et mesure de nos visites dans les
villages, nous remarquons l'omniprésence
de puits. Renseignements pris, il s'agit
bien du seul moyen que les villageois possèdent
pour se ravitailler en eau potable.
Alors il y en a partout, sur les bas côtés
de la route ou dans les jardins pour les
plus chanceux. La Roumanie ne semble pas
manquer d'eau souterraine. Heureusement
! L'agriculture et l'industrie n'ont pas
encore accaparé ce précieux
liquide.
Tous les villages ont plus ou moins la même
conformation. Une route asphaltée
(une nationale par exemple) les traverse
de part en part. Dans ce cas, deux contre-allées
permettent aux maisons de ne pas donner
directement sur la route. Et, quand il n'y
a pas de route asphaltée, il n'y
pas de contre allée car peu de voitures.
Approximativement tous les 100 mètres,
de part et d'autre de cette route, se trouve
un puit. Ils ont différentes structures,
en bois ou en béton, suivant le village
ou l'emplacement.
Certains de ces puits sont sans parapets.
Nous en avons même vu qui n'étaient
pas gainés. Creusés à
même la terre, l'eau que l'on y puise
doit alors décanter pendant quelques
heures, car elle contient beaucoup de boues
en suspension.
Nous avons rencontré deux systèmes
de puits :
1. les puits à balancier, essentiellement
dans les cultures car il faut de la place
pour les manipuler,
2. les puits à treuil dans les villages
(une manivelle actionne un cylindre autour
duquel s'enroule la corde qui remonte le
seau).
La corvée d'eau est effectuée
par tous, femmes ou hommes, filles ou garçons,
tout le monde y passe. Ils y vont avec une
charrette, des bacs et des jerricans ou
simplement avec un seau à la main.
Celle-là habite à côté,
alors elle vient laver ses patates et sa
salade dans le petit abreuvoir en pierre
qui se trouve à côté
du puit.
Une autre profite de l'eau de pluie récupérée
sur les toits dans de grandes cuves en béton
ou en plastique. L'eau sert alors à
arroser le jardin et parfois pour les besoins
ménagers, la lessive ou encore la
douche.
Il y a bien évidemment de nombreuses
familles qui disposent d'une pompe électrique
reliée à un circuit d'eau
dans la maison.
Voici donc deux visages de l'eau dans les
campagnes roumaines, là où
il n'y a pas de circuit de distribution
d'eau potable.
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