Egypte, Assouan, quartier de El Gozira
(70 familles).
Entretien avec Hanna et Mahmoud, frère
et sur habitants le quartier depuis
toujours.
Hydrotour : : Bonsoir
Hanna et Mahmoud, merci de nous recevoir
ainsi dans votre maison dans laquelle nous
allons passé la nuit et de répondre
à nos questions.
Historiquement pouvez-vous nous retracer
l'évolution de l'adduction d'eau
dans le quartier ?
Hanna : Quand je n'étais
pas encore née et jusqu'à
ce que j'aie dix ans, nous n'avions aucun
réseau d'adduction d'eau, ma mère
allait tous les jours chercher l'eau dont
nous avions besoin dans le Nil. Je ne peux
pas vous dire combien d'aller et retour
elle faisait, mais je pense que cela représentait
40 Litres. Heureusement le Nil est à
300 m d'ici et dès que nous en avons
eu l'âge, nous avons pu aider notre
mère.
"ce n'est pas le
rôle des hommes. Eux doivent travailler
aux champs ou à l'usine"
Hydrotour : Seule les
femmes allaient chercher l'eau ?
Hanna : Oui, ce n'est pas le rôle
des hommes. Eux doivent travailler aux champs
ou à l'usine. Nous, nous avons la
charge de toutes les tâches ménagères.
Il y a quinze ans, lorsque le gouvernement
a installé un robinet dans le quartier,
c'était toujours le rôle des
filles d'aller chercher de l'eau. Nous sommes
une famille de trois garçons et deux
fille et nous allions tous les jours avec
des jerricanes chercher l'eau dont nous
avions besoin pour le ménage, la
cuisine
HY : L'eau qui arrivait
à ce robinet était chlorée
?
H : Oui, comme celle que nous recevons
directement dans la maison depuis trois
ans.
Maintenant, nous avons trois robinets, un
dans la cuisine, un dans les toilettes et
un dehors. L'eau que nous consommons, nous
la mettons dans la Jarre (15-20 Litres)
que vous apercevez d'ici, elle permet de
rafraîchir l'eau et de lui enlever
l'odeur du chlore. Tous les soirs, nous
la nettoyons à l'eau avec une brosse
avant de la remplir pour le lendemain.
Mahmoud : Nous consommons 30m³
par mois. Mais une grande partie sert à
laver les légumes que nous rapportons
des champs. Nous la payons 60 piastres le
m³ (10 cent).
HY : Qui a fait la démarche
pour avoir de l'eau ?
M : Tout le quartier. Notre père
est mort il y a 20 ans, c'est donc moi l'aîné
(33 ans) qui ait du faire les démarches
pour la famille en même temps que
toutes les maisons du quartier. Un mois
après le Ministère de l'Eau
et de l'Irrigation avait fait le nécessaire
et nous avions l'eau courante.
HY : Qu'en est-il des
eaux usées ?
M : Chaque maison du quartier a fait
creuser une fosse sceptique, nous ne disposons
pas encore de tout-à-l'égout
mais le gouvernement nous l'a promis pour
bientôt.
HY : Depuis cinq ans vous
avez loué une parcelle sur les bord
du Nil que vous cultiver après votre
travail avec votre cadet. Pouvez-vous nous
expliquer comment vous l'irriguez ?
M : Comme vous l'avez vu lorsque
vous êtes venu me voir tout à
l'heure, la parcelle est bordée par
un canal dont le niveau est plus haut que
le Nil (qui est à 50 m du champs).
Ce canal n'est sous eau qu'une semaine sur
deux. C'est le Ministère qui gère
cela. La semaine où nous avons de
l'eau, nous la pompons hors de ce canal
avec un gros moteur diesel et nous inondons
les parcelles cultivées à
l'aide de petits canaux de terre. Ceci deux
fois dans la semaine.
"Lorsque je suis
au champ, je bois directement l'eau du canal,
et je n'ai jamais eu de problème"
HY : Quelle est la qualité
de l'eau du Nil ?
M : Elle est excellente tout comme
celle du robinet. Lorsque je suis au champ
(NDLR : en aval d'Assouan), je bois directement
l'eau du canal, et je n'ai jamais eu de
problème (NDLR : quoiqu'ils en disent
beaucoup d'Egyptiens souffrent de diarrhées
chroniques, ce que nous pouvions aisément
constater dans les toilettes).
HY : Tout à l'heure
nous avons vu toutes ces berges du Nil dont
le vert est d'une intensité surprenante
par rapport au paysage désertique
environnant. Pouvez-vous nous dire ce que
vous cultivez ?
M : Nous avons des oranges, des mangues,
des goyaves, quelques bananiers, quelques
grenadiers et bien entendu des dattiers.
Nous faisons un peu de maïs, mais juste
pour notre vache et la consommation de la
famille. Le reste est de la culture maraîchère
qui demande beaucoup de travail, mais nous
permet plusieurs rotations par an. Nous
avons différentes sortes de salades,
des oignons, de l'ail, etc
HY : Avez-vous déjà
entendu parler de l'Année Internationale
de l'Eau Douce ?
H : Oui, c'est une initiative de
tous les pays en faveur de l'eau n'est-ce
pas ?
Mahmoud : Non jamais.
" Allah a tout créé
à partir de l'eau "
HY : Qu'est ce que l'eau
représente pour vous ?
Hanna : Dans le Coran il est dit
: " Allah a tout créé
à partir de l'eau ".
Mahmoud : Pour nous Egyptien c'est encore
plus important car Sans l'eau du Nil, nous
ne serions qu'un vaste désert. Nous
avons donc une fête le 16 août
pour cela.
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