Favela du Quartier Nord-Est
de São Paulo
Des collaborateurs de la SABESP ont accepté
de nous accompagner dans une favela. Leur
présence a permis de calmer la curiosité
des gens et nous a offert une certaine sécurité
Par ailleurs, merci à Marcel Nakamura
(ami et collaborateur SABESP) pour ses talents
de médiateurs et de traducteurs.
-Rencontre avec Marcelo Rondoni.
Il est responsable de l'association de la
Divine Providence, qui représente
la favela auprès de la préfecture.
Cela fait deux ans qu'il habite ce bidonville
et grâce à son action, la préfecture
y assure maintenant le service des poubelles.
Il est aussi l'interlocuteur privilégié
de la SABESP pour le règlement des
litiges, tels que le vol d'eau (branchements
illégaux) et les coupures d'eau.
Nom du Bidonville : "Ponte
Grande Divina Providencia" (Divine
Providence du Grand Pont)
Nombre d'habitants : approximativement
2000
Situation géographique: En
dessous d'un échangeur routier. Un
grand Pont partage la favela en deux (d'où
son Nom). Elle est situé au Nord-Est
de la ville.
Années d'existence : 30 ans
Les égouts :
Dans les rues de la favela, il y a un système
rudimentaire d'évacuation des eaux
usées, mais pas de raccordements
aux égouts de la ville. D'après
Marcelo, c'est une seule et même personne
qui a orchestré la construction de
ce système d'égouts au tout
début de la favela. Depuis lors,
rien n'a été fait. Résultat,
comme les canalisations sont vieilles et
endommagées, il y a régulièrement
des inondations qui submergent de déchets
le plancher des maisons.
"Nous sommes obligés
de voler l'eau pour vivre"
L'eau:
Elle arrive dans cette favela par le biais
de deux distributeurs différents
dont la SABESP. Une grande partie des habitations
dispose de l'eau courante et souvent même
d'un compteur.
Cependant, l'an dernier, il y a eu un incendie
dans la favela qui a détruit une
partie des habitations. Le feu se propage
rapidement dans ce genre d'endroit où
les maisons collées les unes aux
autres sont faites en planches de bois ou
même d'aggloméré. Outre
les habitations, l'incendie a détruit
les compteurs d'eau, mais heureusement pas
la conduite qui est restée plus ou
moins intacte. Privés de compteur
ou souvent privés d'eau, les habitants
doivent faire face comme ils le peuvent.
"Nous sommes donc obligés de
voler l'eau pour vivre, déclare Marcelo,
car autrement on ne nous en donnerait pas".
Comme il n'y a pas assez d'eau pour tous
les habitants, en raison des coupures d'eau
trop fréquentes, ils s'entre aident
pour que les enfants aient au moins le minimum
vital. Envisager la construction d'un puits
pour faire face aux besoins du bidonville
est impossible. En effet, l'évacuation
des égouts ne se fait pas assez loin
ce qui entraîne une pollution de la
nappe et la proximité du Rio Tietê
empêche toute exploitation de l'eau
souterraine. Le Rio Tietê devient
un fleuve mort à partir de São
Paulo. Son eau est noire et sans vie car
les eaux usées de la ville (18 millions
d'habitants) s'y déversent sans traitement
préalable.
"Nous préférons
payer un système qui marche, plutôt
que de vivre sans eau"
A la question, "êtes-vous prêts
à payer pour l'eau et le tout à
l'égout ?",
Marcelo Rondoni répond :
"Nous préférons payer
un système qui marche, même
si ça doit représenter un
grosse part de notre budget, plutôt
que de vivre tous les jours dans de la merde
et sans eau courante". Mais le problème
est plus complexe qu'il n'en parait. "Leurs
fournir l'eau courante et un système
de tout à l'égout c'est leurs
reconnaître une existence légale
or tous ces gens n'ont pas le droit de squatter
le terrain et peuvent être expulser
du jour au lendemain", nous explique
un des collaborateurs de la SABESP. "En
plus ils se plaignent d'avoir des coupures
d'eau, mais normalement il ne devrait pas
en voir du tout
"
"Nous sommes ici
pour une courte durée, le temps d'ammasser
assez d'argent"
-Parole de femme :
Rasa Maria Dassilva a 45 ans, elle vient
du Nord du Brésil de Récif.
Elle vit ici avec son mari et ses enfants
depuis seulement 15 jours.
"Nous sommes ici pour une courte durée"
nous déclare-t-elle d'emblée
en rigolant. "Mon mari veut trouver
du travail ici. La situation est mieux ici
que dans le Nord. Il y a plus d'opportunités
et les salaires sont meilleurs, c'est pour
ça que nous sommes là".
Dès qu'ils auront amassé assez
d'argent, ils retourneront dans le Nord.
Nous lui avons demandé de nous dire
quelque chose sur l'eau. Elle nous a répondu
en souriant : "Donnez-nous de l'eau
! Moi, je n'ai rien à dire sur l'eau.
L'eau pour nous, c'est important. On fait
donc naturellement attention à elle".
A côté de Rasa Maria une autre
femme habite ici depuis 15 ans, elle veut
aussi quitter et retourner à Recife
d'où elle vient, dès que son
mari aura gagné assez d'argent...
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