Favela du Quartier Nord-Est
de São Paulo
Le Tietê est un fleuve brésilien
qui traverse São Paulo et se jette
dans l'Océan Atlantique.
- En amont de São Paulo, on y prélève
de l'eau pour la consommation quotidienne
de la population et des industries.
- Dans São Paulo, les eaux d'égout
sont immédiatement rejetées
dans le fleuve, sans traitements préalables.
Les eaux usées industrielles subissent
le même sort.
- Dans São Paulo et en aval, il n'y
a plus de poisson, plus de plantes aquatiques,
plus de vie, le fleuve est mort.
En 1992, devant la recrudescence d'enfants
nés avec des malformations, un taux
de mortalité infantile et de maladies
anormalement élevés liés
à la qualité de l'eau, une
pétition largement relayée
par les médias réussit à
rassembler un million de signatures pour
faire bouger les autorités.
La municipalité est obligée
d'agir rapidement et donne naissance au
projet Tietê. Comme l'a fait Londres
avec la Tamise ou Paris avec la Seine, São
Paulo veut sauver son fleuve et entrer dans
une démarche de développement
durable.
Le projet a été divisé
en trois parties dont la première
est d'ores et déjà réalisée.
Dans cette partie le rôle de la SABESP,
société de gestion de l'eau
de São Paulo, est primordial puisqu'il
met un terme à la pollution générée
par les égouts de la ville.
Le taux de collection des eaux usées
est passé de 63 à 80% de 1992
à 1998 et dans le même temps,
le taux de traitement des eaux est passé
de 20 à 60%.
La deuxième partie du projet Tietê
prévoit d'augmenter le taux de traitement
des eaux d'égout à 90% et
d'étendre le contrôle d'émission
d'effluents des industries.
Ce projet s'accompagne d'une grande campagne
de sensibilisation de la population à
l'économie d'eau ainsi que l'organisation
de séances de formation des jeunes
(par exemple des classes d'eau comme chez
nous
).
Voici quelques chiffres concernant la SABESP
et la ville São Paulo :
SABESP en 2003
Population totale desservie
|
25 millions
|
Nombre de municipalités
|
366
|
% d'accès à l'eau
|
100%
|
% de la population connectée
aux égouts
|
78%
|
% de traitement des eaux usées
|
62%
|
Eau
|
|
Production d'eau potable
|
90 m³/seconde
|
Usine de traitement de l'eau potable
|
193
|
Nombres de réservoirs d'eau
potable
|
1.954
|
Nombre de puits
|
1.046
|
Conduites principales
|
4.861 km
|
Taille du réseau
|
51.563 km
|
Nombre de connections
|
5.3 millions
|
Egout
|
|
Usine de traitement des eaux usées
|
420
|
Capacité de traitement
|
35,1 m³/s
|
Réseau d'égout
|
33.781 km
|
Conduites principales
|
1.572 km
|
Nombre de connections aux égouts
|
3.9 millions
|
Investissement :
La seconde phase représente 400 millions
de dollars d'investissement, dont la moitié
est prise en charge par la SABESP et son
partenaire financier qui est la BNDES (banque
d'investissement) et l'autre moitié
par l'IBD (Inter American Bank of Development).
Selon les estimations de la SABESP, d'ici
20 ans le fleuve sera totalement propre.
D'aucuns disent qu'il en faudra 30 ans,
c'est long mais le préjudice causé
est très grave. On ne jette pas impunément
les égouts de 18 millions de personnes
dans un fleuve !
Visite d'une usine de traitement des
eaux usées
Nous avons visité l'usine de Parque
Novo Mundo inaugurée en juin 1998
et qui traite les eaux usées de 1,200,000
personnes soit 2500L/s
Du fait de la rareté de l'espace
disponible à São Paulo, certains
aménagements ont été
modifiés par rapport à une
usine traditionnelle.
Première étape : Oter
les gros déchets (ayant plus de 25mm)
Cette étape est conduite à
l'aide d'une grosse grille périodiquement
nettoyée par un râteau mécanique.
Deuxième étape : Oter
les déchets moyens (ayant plus de
0,76mm et moins de 25mm)
Cette étape est réalisée
en général dans un premier
bac de décantation. Le manque d'espace
à conduit la SABESP à construire
8 filtres bloquant ces déchets. Les
filtres ressemblent à de grosses
machines à laver le linge. L'eau
sale arrive directement à l'intérieur
du tambour et sort du tambour à travers
un filtre. Les déchets retenus par
la grille du tambour sont acheminés
vers l'extérieur par la rotation
du tambour. Pour éviter les mauvaises
odeurs les tambours sont fermés,
l'air est aspiré et traité
dans un filtre spécial avant d'être
rejeté.
Troisième étape : filtration
du sable
Le filtre est composé de deux grands
réservoirs (21m de long, sur 7m de
large et 7m de profondeur) au fond duquel
se dépose le sable contenu dans l'eau
des égouts. Périodiquement
un système de grue vide le sable
collecté. Cette étape permet
d'éviter l'usure des équipements
qui serait causée par le sable.
Quatrième étape : bassin
d'aération
Trois tanks d'aération de 25m de
large sont en place avec une partie anaérobie
de 7,5m de long munie de deux mélangeurs
et une partie aérobie (d'où
tank d'aération) de 112,5m munie
d'un diffuseur d'air sur toute sa longueur.
Le tout mesure donc 120m et a une profondeur
de 6m. Le seul but de cette aération
est d'augmenter la capacité de sédimentation
des déchets en limitant la croissance
des bactéries filamenteuses (qui
empêche la sédimentation).
Cinquième étape : le bassin
de décantation secondaire
Il s'agit de six bassins de décantation
circulaires d'un diamètre de 46m
chacun et de 4m de profondeur (soit un volume
utile de 6650m3). L'eau arrive en continu
dans le fond de ces bassins et en sort par
débordement. Petit à petit
les particules en suspensions se déposent
dans le fond du bassin et elles sont collectées
et évacuées vers la sixième
étape. L'eau qui déborde est
débarrassée d'une grande partie
de ses déchets et est envoyée
dans le fleuve Tietê ou récupérée
pour être réutilisée.
Les étapes de traitement des
boues.
Première étape : la concentration
des boues
Toute la boue qui reste dans le fond du
bassin de décantation secondaire,
est pompée vers un puits de 28m de
diamètre et de 2m de profondeur (soit
un volume utile de 2450m3). Les boues y
sont concentrées et doivent avoir
un contenu solide de 4%.
Deuxième étape :Stabilisation
chimique et déshydratation
Un ajout de chaux et de chlorate de fer
permet d'éliminer les microorganismes
pathogènes (bactéries, etc
)
et de supprimer l'odeur des boues.
Traditionnellement cette étape est
faite par digestion anaérobie, elle
est faite ici de manière chimique
pour limiter l'espace nécessaire.
Les boues sont ensuite déshydratées
dans de grandes presses qui permettent d'obtenir
un produit ayant un contenu solide de 30%.
Après cette déshydratation
mécanique la boue est transportée
par camion dans une usine qui permet une
déshydratation thermique de ces boues
et les transforment en granulées
de 3 ou 4mm ayant un contenu solide de 90%.
Autres systèmes en place : Contrôle
et traitement des odeurs
Il s'agit principalement du sulfite d'hydrogène
(H2S). L'air récolté est dirigé
dans un récipient où il est
oxydé et neutralisé par une
solution d'hypochlorite de sodium (NaOCl)
et de Soude caustique (NaOh). Un détecteur
de H2S permet de vérifier l'élimination
totale de ce gaz dans l'air rejeté.
Où sont envoyées les boues
?
Les boues déshydratées sont
utilisées comme fertilisant riche
en azote et en phosphore. Pour la SABESP
un bon traitement de l'eau ne produit pas
que des déchets, il produit aussi
un produit utile et bon (NDLR : ou prétendu
comme tel) pour l'environnement.
Les granules de boues déshydratées
sont analysées dans tous les sens
pour vérifier leur efficacité
comme fertilisant mais aussi leur qualité
hygiénique.
L'eau peut-elle être réutilisée
?
L'eau qui sort de la station ne peut pas
être réutilisée comme
eau potable par contre, d'autres utilisations
sont possibles.
Le slogan de la SABESP est le suivant :
"la réutilisation de l'eau,
une alternative du présent pour garantir
notre futur".
Après avoir été traitée,
une partie de l'eau de l'usine est mise
dans des camions et réutilisée
par la municipalité et quelques industries
pour le nettoyage de la voirie, des véhicules,
le refroidissement de process industriels
ou l'irrigation des terrains publics.
Une partie est même utilisée
pour déboucher les égouts
(et oui cela se faisait avant, avec de l'eau
potable
).
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