Le Pantanal, le plus grand
marécage non-côtier du monde
Vaste marécage du centre
de l'Amérique du Sud, le Pantanal
couvre une superficie de 230 000 Km²
(la moitié de la France), repartis
entre la Bolivie, le Paraguay et le Brésil.
A la saison des pluies, d'octobre à
mars, les rivières des hautes terres
environnantes se déversent dans le
Pantanal, inondant ainsi les deux tiers
du territoire pendant la moitié de
l'année. Cette région située
à 2000 Km de l'Atlantique est seulement
à 100 ou 200 m d'altitude. Elle connaît
une décrue extrêmement lente
car elle n'a, comme principale voie de drainage,
que le Rio Paraguay (qui se jette dans le
Rio de la Plata).
La faune et la flore du Pantanal sont extrêmement
riches avec 1700 espèces végétales,
650 espèces aviaires, 260 variétés
de poissons, une 50aine de reptile et 80
espèces de mammifères.
Un bidonville de Corumbá (frontière
Bolivie/Brésil)
Remunda, 33 ans, et son mari vivent avec
leurs deux filles, Priscilla 11 ans et Viviane
6 ans, dans une cabane consolidée
de 15m². Par consolidée on entend
qu'une chape de béton couvre le sol
et que les murs sont en partie (jusqu'à
1 mètre) constitués de briques.
Au-delà ce sont des tôles et
des planches en bois. Lui est pêcheur
professionnel et de temps en temps guide
touristique sur le Rio Paraguay. Cette année
la pêche est très difficile
car il y a peu de poissons et la saison
touristique s'annonce mauvaise.
Les bidonvilles de provinces ont plus de
"chance" que ceux des grandes
villes, ils ont la possibilité d'avoir
un jardin où ils peuvent vivre, pendre
le linge et parfois avoir un potager.
En annexe de la maison une petite cabane
en bois fait office de toilette. Les excréments
sont ici collectés dans un trou à
même la terre. La réserve d'eau
de la famille est entreposée dans
un réservoir en Eternit sous le mimosas
du jardin.
Heureusement pour l'interview il fait beau,
nous profitons donc du jardin avec toute
la famille, les adultes ont avec eux un
verre de maté froid à la main.
Par temps de pluie tout ce petit monde s'entasse
dans la pièce unique de la cabane
qui compte déjà un frigo une
télé, et deux lits
L'eau
Si le fait d'avoir un jardin n'est pas considéré
par les habitants de la favela comme un
luxe, celui d'avoir l'eau courante dans
sa maison en serait un.
Pour remplir le réservoir, Remunda
et son mari, utilisent des bidons de 30
Litres qu'ils remplissent au robinet commun
situé en contrebas de leur habitation.
Ce robinet n'est pas "légal"
dans le sens où ce sont les habitants
du quartier qui l'ont eux mêmes installé.
"Nous volons l'eau de la ville, mais
la ville le sais et c'est une tolérance
de leur part".
"Ils savent qu'avec un seul robinet
pour plusieurs maisons nous n'allons pas
gaspiller l'eau".
"Ils savent aussi que sans eau nous
ne pourrions pas vivre".
D'ailleurs la commune reste partie prenante
dans la vie du bidonville, une campagne
de sensibilisation a été faite
pour les habitants du bidonville concernant
le problème de la Dengue.
"Ils nous ont notamment recommandés
de couvrir tous les réservoirs d'eau
et de réserver un bidon propre exclusivement
pour l'eau de consommation".
Nous avons été surpris par
la joie et la simplicité qui se dégageait
de cette entrevue avec cette famille.
La chaleur aidant, Viviane, suivie de Priscilla
sont aller boire devant nous directement
dans la cuve en Eternit. Ces gestes quotidiens
naturels ont prouvé qu'il y avait
encore un travail énorme à
accomplir en communication sur l'hygiène.
La mère nous avait dit, deux minutes
auparavant, qu'elle mettait en application
les recommandations de la commune concernant
l'utilisation d'un bidon exclusivement pour
l'eau potable
il y avait dans la cuve
des larves de moustiques (la dengue se transmet
par les moustiques). Quand nous en fîmes
la remarque à la famille, ils se
sont mis à rire.
C'est extraordinaire d'être joyeux
mais il faut faire attention à sa
santé.
Rio Negro, Sud Chaco (Paraguay) Ruta
9, Km 177
Voilà maintenant plusieurs kilomètres
que nous avons laissé derrière
nous le Pantanal. La région que nous
que nous traversons reste pourtant humide
et parsemée d'étangs.
"Tiens on s'arrêterait pas pour
leur demander comment il vive l'eau quotidiennement"
"Bueno, on y va"
La maison dans laquelle nous rentrons est
faite de troncs de palmier poussant en abondances
dans la région. Le toit est fait
du même bois, mais travaillé
différemment de manière à
faire un entrelacs de type tôle ondulée
protégeant efficacement de la pluie.
La famille que nous rencontrons compte 13
membres auxquels s'ajoutent deux morts.
Seuls 7 vivent ici toute l'année
ronde. Les autres travaillent un peu plus
loin dans le pays et ne rentrent que rarement
chez eux. Pour vivre, la famille dispose
d'un troupeau de vaches et de chèvres.
La plus âgée des enfants présents
a 17 ans. Elle est restée auprès
de sa mère pour l'aider dans les
tâches de tous les jours. C'est elle,
Juana Sanchez, qui assez curieusement va
nous accueillir et mener l'entretien du
début jusqu'à la fin. La mère
préfère s'exprimer en Guarani,
une des deux langues nationales, ce qui
ne simplifie pas l'échange d'information.
Il y a ici ni eau courante ni électricité,
le seul moyen d'avoir de l'eau est d'aller
la puiser dans les étangs qui se
trouvent alentours. Toutes les maisons du
coin subissent le même sort.
"Nous allons chercher l'eau dès
que nous en avons besoin dans l'étang
qui se trouve derrière la maison
à quelques mètres".
"Nous essayons d'y aller à deux
à raison de trois fois par jour.
La consommation quotidienne de la famille
est de 240 Litres. Nous le faisons à
l'aide de sceaux de 20 Litres".
"Nous la buvons telle quelle, sans
traitement, ni décantation. Elle
est très bonne et nous n'avons jamais
eu de problèmes".
Dans la famille il y a un petit nourrisson
de 1 an, qui semble en apparence péter
la santé. Ils nous ont regardé
avec de grands yeux ronds, quand nous leur
avons demandé s'ils faisaient bouillir
l'eau avant de la donner au bébé.
"Même pour les bébés
nous ne la faisons pas bouillir".
En 1996 l'espérance de vie au Paraguay
était seulement de 65 ans, la plus
basse de toute l'Amérique Latine
!
Dans cette famille ils n'ont pas de toilettes
non plus. Ils font un trou dans la terre
et se protègent d'une cabane en bois.
Quand le trou est plein il en creuse un
autre un peu plus loin (3 ou 4 fois par
an)
Par ici, l'eau n'est qu'à 1m de profondeur,
la contenance du trou est donc réduite
"Mais avec de l'eau à cette
profondeur pourquoi ne pas creuser de puits
?"
Un voisin qui est venu se joindre à
notre interview nous explique que depuis
toujours ils boivent l'eau des étangs
et que tout le monde dans les environs en
fait ainsi. Comme il n'y a aucuns problèmes,
pourquoi changeraient-ils de mode d'approvisionnement
?
A la question que représente l'eau
pour vous, Juana a d'abord répondu
: "Rien".
Puis elle a réfléchi et a
dit : "Tout le Monde l'utilise, elle
se boit, elle lave, elle s'utilise dans
la cuisine". Le voisin a alors ajouté
: " Sans eau, personne ne peut vivre".
Et Juana a complété en disant
"Personne, NI RIEN ne peut vivre".
<
précédent suivant
> retour
<<
|