Quant une ONG refait le
travail d'une préfecture
Le Parc National de Sajama
abrite quelques records dont le volcan Sajama
(6520 m, deuxième montagne la plus
haute de Bolivie) et la plus haute forêt
du monde (5000m).
Le parc fut crée en 1995 avec l'aide
de la coopération technique allemande
et d'une ONG bolivienne GRAMA. Aujourd'hui,
l'Allemagne est la seule encore impliquée
financièrement dans la survie du
parc.
En 1997 la préfecture de Oruro dont
dépend le village s'intéressa
de près au problème de l'approvisionnement
en eau potable dans cette région.
A l'époque, le village s'alimentait
en eau auprès de deux sources situées
de part et d'autre du village. Il fallait
donc sortir de chez soi pour avoir de l'eau.
La préfecture décida alors
d'entamer des recherches de sources pour
installer l'eau courante dans chaque maison.
En 1999 le projet de la préfecture
est fini. Il met à la disposition
du village un système complexe composé
d'une pompe, d'un réservoir et d'un
réseau de canalisation.
Afin de fournir de l'eau de manière
constante, la préfecture a prévu
un tank de plusieurs dizaines de mètres
cubes. Le tank situé à quelques
mètres au-dessus de la source (elle-même
à 1km du village) permet de distribuer
l'eau dans tout le village de manière
gravitaire. Il faut donc pomper l'eau de
la source pour l'envoyer dans le tank. Le
rôle du tank est de permettre une
continuité dans le débit délivré
au village.
Pourtant, dès les premiers mois d'utilisation,
ce système montre ses limites :
- La pompe, à moteur thermique, nécessite
de l'essence et un entretien quasi permanent
par une personne dédiée à
cette tâche (les hivers là-haut
sont rudes
) ;
- La pompe est sous dimensionnée,
il faut par conséquent 24h pour remplir
le tank.
Se pose très vite alors la question,
de qui va payer pour l'entretien et l'essence
de la pompe.
Après quelques mois de mise en service,
les villageois font appel à l'ONG
GRAMA encore active dans le parc.
L'ONG n'existe plus aujourd'hui, mais elle
a travaillé depuis 1995 dans le parc
national à l'élaboration et
la réalisation de nombreux projets
sanitaires et de gestion des déchets
ménagers. Leurs principales réalisations
ont été le creusement de fosses
pour les déchets, l'installation
de latrines publiques aux abords des maisons
et de l'école du village (dont une
expérimentation de latrines sèches)
et d'autres projets de communication et
d'éducation à l'hygiène.
Devant l'insistance des villageois, GRAMA
met un ingénieur sur le coup. Celui-ci
décide de tout simplifier. La pompe
est supprimée, le réservoir
en béton (tank) ne sert plus et l'eau
est directement envoyée par gravité
de la source au village via une autre canalisation.
Grâce à ce système,
les villageois dispose d'une eau au robinet
qui leur coûte 2 bolivianos par mois
(le salaire moyen est de 25 bolivianos par
jour).
Felix Mamani responsable du parc National
nous a fait part de ses préoccupations
pour l'avenir :
- Selon des études récentes,
le réchauffement climatique aura
totalement fondu le glacier du Sajama qui
donne l'eau du village.
- Le village connaît actuellement
une expansion vers le haut (en amont), ce
qui rend plus difficile l'alimentation en
eau pour des raisons de manque de pression.
Pour faire face à ces contingences
"il faudra sans doute refaire fonctionner
le réservoir et remettre en marche
une pompe
", nous dit-il.
Les particularités d'un village
en haute montagne tel que Sajama :
- En hiver, il fait -30°C pendant la
nuit et -5°C pendant la journée.
Heureusement, le soleil parvient à
réchauffer les conduites d'eau gelées
durant la nuit
Il arrive d'ailleurs
souvent que la conduite et les robinets
se fendent sous la pression du gel.
- La construction des maisons en ciment
est déconseillée par le Parc
National car le ciment est moins isolant
(il conduit le froid) que l'adobe (brique
non cuite séché).
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